Ces ailes font compofées de fix efpèces de rayons
cartilagineux, fitués horizontalement de chaque côté
de l’épine du dos, 6c auprès des jambes de devant. Ces
rayons font courbés en arrière ; ils foutiennent une
membrane, qui s’étend le long du rayon le plus antérieur
jufqu’à fon extrémité, & va enfuite fe rattacher,
en s’arrondilfant un peu, auprès des jambes de
derrière. Chaque aile repréfente ainfi un triangle, dont
la bafe s’appuie fur l’épine du dos; du fommet d’un
triangle à celui de l’autre, il y a à-peu-près la même
diftance que des pattes de devant à celles de derrière.
La membrane qui recouvre les rayons eft garnie d’é-
eailles, ainli que le corps du lézard, que l’oii ne peut
bien voir qu’en regardant au-deffous des ailes, 6ç dont
on ne diftingue par-defTus que la partie la plus élevée
du dos. Ces ailes font conformées comme les nageoires
des poiffons, fur-tout comme celles dont les poiffons
volans fe fervent pour fe foutenir en l’air. Elles ne
relfemblent pas aux ailes dont les chauves—fouri-s font
pourvues, & qui font compofées d’une membrane placée
entre les doigts très-longs de leurs pieds de devant ;
elles diffèrent encore-plus de celles des oi féaux formées
de membres, que l’on a appelles leurs bras : elles ont
plus de rapport avec les membranes qui s'étendent des
jambes de devant à celles de derrière dans le pote-
touche & dans le taguan, ôc qui leur fervent à voltiger.
Voilà donc le Dragon, qui placée cotome tous
tes lézards , entre les poiffons 6c les Quadrupèdes vivipares,
fe rapproche des uns par fes rapports avec les
poiffons volans, 6c des autres, par fes refîèmblances
avec les’polatouches 6c les écureuils, dont il eft l’analogue
dans fon ordre.
Le Dragon eft auflï remarquable, par trois efpèces
de poches alongées 6c pointues, qui garniffent le deffous
de: fa gorge, 6c qu’il peut enfler à volonté pour augmenter
fon volume, fe rendre plus leger, & voler
plus facilement. C’eft ainfi qu’il peut un peu compenfer
l’infériorité de fes ailes , relativement à celles des
oifeaux , 6c la facilite avec laquelle ces derniers,
lorfqu’ils veulent s’alléger, font parvenir l’air de leurs
poumons dans diverfes parties de leur corps.
Si l’on ôtoit au Dragon fes ailes 6c les efpeces de
poches qu’il porte fous fon gofier, il feroit tres-femblable
à la plupart des lézards. Sa gueule eft très-ouverte, 6c
garnie de dents nombreufes 6c aiguës. Il a fur le dos
trois rangées longitudinales de tubercules, plus ou moins
faillans, dont le nombre varie fuivant les individus.
Les deux rangées extérieures forment une ligne courbe,
dont la convexité eft en-dehors. Les jambes font affez
longues; les doigts, au nombre de cinq a chaque pied,
font longs, féparés, 6c garnis d’ongles crochus. La queue
eft ordinairement très-déliée, deux fois plus longue que»
le corps, 6c couverte d’écailles un peu relevees en
carène. La longueur totale du Dragon n’excède guere
LU ij