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 &   en  rendant  compte  de  la  manière  dont  ils  s’unif-  
 fent  ,  n’omettons  aucuns  des  foins  qu’ils  fe  donnent,  
 &   qui  paroîtroient  fuppofer  en  eux  des  attentions  
 particulières  j   &   une  forte  d’affeétion  pour  leurs  
 femelles. 
 C’eft  en  Mars  ou  en  Avril  que  les  crapauds  s’accouplent: 
   le  plus  fouvent  c’eft  dans  l’eau  que  leur  
 union a lieu, ainfi que celle  des grenouilles  &  des raines.  
 Mais  le  mâle  fàifit  fa  femelle  fouvent  fort  loin  des  
 ruilfeaux  ou  des  marais;  il  fe  place  fur  fon  dos,  
 l ’embrafle  étroitement,  la ferre  avec force:  la  femelle,  
 quoique  furchargée  du  poids  du  mâle,. eft obligée quelquefois  
 de  le  porter  à  des  diftances confidérables ;  mais  
 ordinairement  elle  ne  laifle  échapper  aucun  eeuf que  
 lorfqu’elle  a  rencontré  l’eau. 
 Ils  font  accouplés  pendant  fept  ou  huit  jours,  &   
 même  pendant  plus  de  vingt,  lorfque  la  faifon  ou  le  
 climat  font  froids  ( f)  ;  ils  coaifent  tous  deux  prefque  
 fans  celfe,  &   le  mâle  fait  fouvent  entendre  une  forte  
 de  grognement  alfez  fo rt,  lorfqu’on  veut  l ’arracher  
 à  fa  femelle,  ou  lorfqu’il  voit  approcher  quelqu’autre  
 mâle,  qu’il  femble regarder  avec  colère, &  qu’il  tâche  
 de  repou fier  en  alongeant  fes  pattes  de derrière.  Quelque  
 bleflùre qu’il  éprouve,  il  ne  la  quitte  pas :  fi  on 
 {f)  OEuvres  de  M.  F Abbé Spallanzani ,  vol.  3 , page  3 1. 
 J ’en  fépare 
 d e s   Q u a d r u p è d e s   o v i p a r e s .  5 7 7   
 l’en fépare par force, il revient à  elle  dès qu’on  le laide  
 libre  ,  &   il  s’accouple  de  nouveau,  quoique  privé  de  
 plufieurs  membres  ,  &   tout  couvert  de  plaies  fan-  
 glantes  (g).  Vers  la  fin  de  l’accouplement,  la  femelle  
 pond  fes  oeufs ;  le  mâle  les  ramafle  quelquefois  avec  
 fes  pattes  de  derrière,  &   les  entraîne  au-deii'ous  de  
 fon  anus  dont  ils  paroi fient  fortir ;  il  les  féconde  &   
 les  repouflë  enfuite.  Ces  oeufs font  renfermés  dans une  
 liqueur tranfparente, vifqueufe, où ils  forment  comme  
 deux  cordons  toujours  attachés  à  l’anus  de  la  femelle.  
 Le mâle &  la femelle montent alors à la furface de l’eau  
 pour refpirer ;  au bout d’un quart d’heure ils  s’enfoncent  
 une  fécondé  fois  pour pondre ou  féconder  de nouveaux  
 oeufs;  &   ils paroiflent  ainfi  à  la  furface  des  marais,  &   
 difparoiflent  plufieurs fois. A  chaque nouvelle ponte,  les  
 cordons  qui  renferment les oeufs s’alongent de  quelques  
 pouces  :  il y a ordinairement neuf ou dix pontes: Lorfque  
 tous les oeufs font fortis &  fécondés, ce qui n’arrive fouvent  
 qu’après  douze  heures ,  les  cordons  fe  détachent  ;  ils  
 ont alors quelquefois plus de quarante pieds de long  (h) ;  
 les  oeufs  ,  dont  la  couleur  eft  noire  ,  y  font  rangés  
 en deux files, &  placés de manière à occuper le plus petit  
 efpace  poffible :  on  a  rencontré  de  ces  oeufs a  fec  dan?  
 le  fond de baflïns &  de fofles dont l’eau s’étoit  évaporée. 
 ( g)  (Euvres  de  M.  tAbbé  Spallanzani,  vol.  3 , page  84. 
 ( h )  Idem,   page  33. 
 Ovipares,  Tome  I.  D  d d d