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 trous  dans  la  vafe,  ou  des  abris  dans  les  joncs  &   les  
 autres végétaux qui bordent  les grands fleuves.  Ils cherchent  
 à y jouir  d’une  température  moins  froide, &  ày  
 conferver, pendant quelques momens, un  relie de  chaleur  
 prêt  à  leur  échapper.  Mais  le  froid  çroiifant toujours, 
  &   gagnant  de  proche  en  proche, fe  fait  bientôt  
 fentir  dans  leurs  retraites,  qu’ils  paroiflent  choifir  au  
 milieu  de  bois  écartés,  ou  fur  des  bords  inacceffibles ,  
 pour  fe  dérober  aux  recherches  &   à  -la  voracité  de  
 leurs  ennemis  pendant  le  tems  de  leur  fopeur,  où  ils  
 ne leur offriroient  qu’une malTe fans défenfe &  un appas  
 fans  danger.  Ils  s’endorment  d’un  fommeil  profond;  ils  
 tombent  dans  un  état  de  mort  apparente 5  &   cette  
 torpeur  elt  fi  grande,  qu’ils  ne  peuvent  être  réveillés  
 par  aucun  bruit,  par  aucune  fecoufle,  ni  même  par  
 des  bleffùres :  ils paffent  inertement la  faifon  de  l’hiveu  
 dans  cette  efpèçe  d’infenfibilité  abfolue  où  ils ne  corn-  
 fervent  de  l’ànimal  que  la  forme,  &   feulement  allez  
 de  mouvement  intérieur  pour  éviter  la  décompofition  
 à  laquelle  font  foumifes  toutes  les  fubftances  organir-  
 fées  réduites  à  un  repos  abfolu,  Ils  ne  donnent  que  
 quelques  faibles  marques du mouvement  qui  relie  encore  
 à leur fang  , mais  qui  eft  d’autant  plus  len t, que  
 fouvent  il  n’efl:  animé  par aucune  expiration  ni  infpi-  
 jration.  Ce  qui  le  prouve ,  c’eft  qu’on  trouve  prefque  
 toujours  les  Quadrupèdes  ovipares  engourdis  dans  la 
 yaf§ 
 vafe,  &   cachés  dans  des  creux  le  long  des  rivages  où  
 les  eaux  les  gagnent  .&  les  furmontent  fouvent,  où  
 ils  font  par  conféquent beaucoup de tems fans  pouvoir  
 refpirer,  &   où  ils  reviennent  cependant  à  la  vie  dès  
 que  la  chaleur  du  printems  fe  fait  de  nouveau  ref-  
 fentir. 
 Les 'Quadrupèdes  ovipares  ne  font  pas les  feuls  animaux  
 qui s’engourdilfent  pendant  l’hiver  aux  latitudes  
 ün  peu  élevées  :  les  ferpens,  les  crullacées,  font  également  
 fujets à  s’engourdir ;  des  animaux bien plus parfaits  
 tombent  aufli  dans  une  torpeur annuelle, tels que  
 les  marmottes,  les  loirs,  les  chauves-fouris, les  hërif-  
 fons,  &c.  Mais  ces  derniers  animaux  ne  doivent  pas  
 éprouver  une  fopeur  auffi  profonde.  Plus  fenfibles  que  
 les  Quadrupèdes  ovipares, que  les  ferpens &   les  cruf-  
 tâcées ,  ils  doivent  conferver  plus  de  vie  intérieure  ;  
 quelqu engourdis-qulls foient,ils ne  ceflënt de  relpirer,  
 jSc  cette  aélion, quoiqu’affoiblie,  n’augmente —t -  elle  
 pas  toujours  leurs  mouvemens  intérieurs ? 
 Si, pendant  l’hiver,  il  furvient  un  peu  de  clraleur ,  
 les  Quadrupèdes  ovipares  font  plus  ou moins  tirés  de  
 leur  état  de  fopeur  (u) -,  &   voilà  pourquoi  des  Voyageurs  
 ,  qui  pendant  des  journées  douces  de  l’hiver  ont 
 (u )  Obfervations  Ju r  le  crocodile  de  la  Louifiane } par  M.  de  la  
 Çoûdreruère.  Tournai de  Phyjiaue  ij8z< 
 Ovipares,  Tome  I , D