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 tortue  à  laquelle  nous  confondons  le  nom  de  Caret,  
 qui  lui  eft  généralement  donné  dans  les  pays  qn elle  
 habite  ;  c’ eft  principalement  cette  tortue  que  I on  
 voit  revêtue  de  ces  belles  écailles  q u i,  des  les  
 fièdes  les  plus  reculés,  ont  décoré  les  palais  les  plus  
 fomptueux:  effacées  dans  des  tems  plus  modernes  
 par  l’éclat  de  l’or  &   par  le  feu que  la  taille  a  donne  
 aux  pierres  dures  &   tranfparentes,  on  ne  les  emploie  
 prefque plus qu’à orner les bijoux Amples, mais  elegans  
 de  ceux  dont  la  fortune  eft  plus  bornée,  &  peut-etre  
 le  goût  plus  pur.  Si  elles  fervent  quelquefois  à  parer  
 la  beauté,  elles  font  cachées  par  des  ornemens  plus  
 éblouiffans  ou  plus  recherchées  qu’on  leur  préféré  ,  
 6c  dont  elles  ne  font  que  les  fupports.  Mais  fl  les  
 écailles  de  la  tortue  Caret  ont  perdu  de  leur  valeur  
 par  leur  comparaifon  avec  des  fubftances plus  éclatantes  
 ,  &   parce que  la  découverte du nouveau monde  
 en  a répandu  une  grande  quantité  dans  l’ancien, leur  
 ufage  eft  devenu  plus  général  :  on  s’en  fert  d autant  
 plus  quelles  coûtent  moins:  combien  de bijoux  &   de  
 petits ouvrages ne font point  garnis  de  ces-  écailles que  
 tout le  monde  connoît,  &   qui  réunifient  à  une  demi-  
 tranfparence  l’éclat  de  certains criftaux  colores, &  une  
 foupleffe  que  l’on  a  effayé  envain  de  donner  au 
 verre ! 
 Il  eft  aifé  de  reconnaître la  tortue  Caret  au  luifant  
 des  écailles placées  fur  fa  carapace,  &   fur-tout  a  la 
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 manière dont  elles  font  difpofées.  Elles  fe  recouvrent  
 comme  les  ardoifes  qui  font  fur  nos  toits,  elles  font  
 d’ailleurs  communément  au  nombre  de  treize  fur  le  
 difque, &   elles  y  font  placées  fur  trois  rangs, comme  
 dans  la  tortue  franche ;  le  bord  de  la  carapace  ,  qui  
 eft beaucoup plus étroit que dans la  plupart  des  tortues  
 de  mer,  eft  garni  ordinairement  de  vingt-cinq  lames. 
 La  couverture  fupérieure  arrondie  par  le  haut,  ék.  
 pointue par  le  bas,  a  prefque  la  forme  d’un  coeur:  le  
 Caret  eft d’ailleurs  diftingué des autres  tortues  marines  
 par  fa  tête  &   fon  cou ,  qui  font  beaucoup  plus  longs  
 que  dans  les  autres  efpèces;  la  mâchoire  fupérieure  
 avance  affez  fur  l’inférieure,  pour  que  le  mufeau  ait  
 une  forte  de  reffemblance  avec  le  bec  d’un  oifeau  de  
 proie  ;  &   c’eft  ce  qui  l’a  fait  appeller  par  les  Anglois  
 bec  à faucon (  b ).  Ce  nom  a  un  peu  fervi  à  obfcurcir  
 l’hiftoire des tortues;  lorfque  les Naturalises  ont  transporté  
 celui  de  Caret  à  la Caouàne,  ils  n’en  ont  point  
 féparé le nom  de  bec  à faucon,  qu’ils  lui  ont auffi appliqué  
 f c j ;  & ,  en  hiftoire naturelle, lorfque  les noms font  
 les mêmes, on n’eft que trop porte à croire que les objets  
 fe reffemblent. On  rencontre le Caret, ainfi que la plupart  
 des  autres  tortues,  dans  les  contrées  chaudes  de 
 (b ) Catefiy, Hiftoire mtureUe  de  la  Caroline ,   vol.  a   ,  page  33 .  
 ( c)  Brown >  à  Iendroit  déjà  cité. 
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