H i s t o i r e N a t u r e l z e
peine à s’enfoncer dans cet élément qu’à s’y élever,
nageant avec la plus grande facilité à fa furface^ne
jouiflent-elles pas dans leurs migrations : de tout l’air
qui leur eft néceffaire? Ne trouvent-elles pas fur tous
les bas-fonds,-l’herbe & les coquillages qui leur conviennent
? ne peuvent-elles pas d ailleurs fe pafl'e.r dp
nourriture pendant plufieurs mois ? & cette poffibilité
de faire de grands voyages n’eft-elle pas prouvée par
le fait, puifqu’elles traverfent plus de cent lieues de
mer, pour aller dépofer leurs oeufs fur les rivages quelles
préfèrent, & puifque des navigateurs ont rencontré à
plus dé fept cens lieues de toute terre , des tortues
de mer 'd’une efpèce peu différente de là tortue
franche ( f) ? ils les ont même trouvées dans des régions
de la mer affez élevées en latitude , ou elles
dormoient paifiblement en flottant à la furfaçe de
l’eau,
(ƒ ) Troifième voyage du Capitaine Cook, Traduction Françoife.
Paris, ip 8 i., page] 26g. _
Catesby rapporte qu'étant, le 20 Avril 1 7 2 5 . à trentedegres de latitude,
& à peu-près. à une diftance égale des Mes Açores & de çelfe*
de Bahama, il vit harponner une tortue Caouane , qui dortooit fur la
furface de la mer. Hifioire naturelle de la Caroline, volume z , page
40. E ., ,
M. de la Borde a vu beaucoup de tortues qui nageoient iurleau
à plus de trois cens lieues de terre. Note communiquée par M, de la
Jlorde.
Les tortues franches ne font cependant pas 11 fort
attachées aux zones torrides , qu’on ne les rencontre
quelquefois dans les mers voifines de nos côtes. Il fe
pourrait qu’elles habitent dans la Méditerranée , où
elles fréquenteraient de préférence , fans doute, les
parages les plus méridionaux , & où les Caouanes ,
qui leur reffemblent beaucoup , font en très - grand
nombre (g). Elles devraient y choifir pour leur ponte
les rivages bas, fablonneux, prefque déferts & très-
chauds qui féparent l’Egypte de la Barbarie proprement
dite, & où elles trouveraient la folitude, l’abri,
la chaleur & le terrain qui leur font néceffaires • ont
n’a du moins jamais vu pondre des tortues marines fur
les cotes de Provence ni du Languedoc , où cependant
l’on en prend de tems en tems quelques-unes (h ) .
Elles peuvent auffi être quelquefois jetées; par des-
accidens particuliers vers de plus hautes latitudes, fans en
périr : Sibbald dit tenir d’un homme digne de foi, qu’on
prenoit quelquefois des tortues marines dans les Or-
cades ( i ) f l’on doit préfumer que les tortues
franches peuvent non-feulement vivre un certain nom—
( g) Voyez l’article de la Caouane.
, ■ ( Æ) Note communiquée par M, de Touchy , de la Société royale dé
Montpellier-
| |É Sibbald P rodomus, Hijl. naturalis, £ 'dimburgi, 188 p