dix ou douze jours , ont le double de groffeur que lors
de la ponte (a ) ; les globules renfermés dans ces oeufs,
& qui d’abord font noirs d’un côté , & blanchâtres
de l’autre, fe couvrent peu-à-peu de linéamens ; au
dix-feptième ou dix- huitième jour on apperçoit le
petit têtard ; deux ou trois jours après il fe dégage
de la matière vifqueufe qui enveloppoit les oeufs; il
s’efforce alors de gagner la furfæce de l’eau, mais il
retombe bientôt au fond ; au bout de quelques jours
il a de chaque côté du cou un organe qui a quelques
rapports avec les ouïes des poiffons, qui eft divifé en
cinq ou fix appendices frangées, &, qui difparoil tout-
à-fait le vingt-troifième ou le vingt- quatrième jour.
Il femble d’abord ne vivre que de la .vafe •& des
ordures qui nagent dans l’eau; mais, à mefure qu’il
devient plus gros , il fe nourrit de plantes aquatiques.
Son développement fe fait de la même manière que
celui des jeunes grenouilles; & lorfqu’il eft entièrement
formé',- il fort de l’eau, & va à terre chercher les
endroits humides.
Il en eft des crapauds communs comme des autres Quadrupèdes
ovipares ; ils font beaucoup plus grands &
beaucoup plus venimeux à mefure qu’ils habitent
des pays plus chauds & plus convenables à leur nature
(o ) . Parmi les individus de cette efpèce, qui font
(« ) JH. tAbbi Spallan^ani, ouvrage di\à cité.
d b s Q u a d r u p è d e s o v i p a r e s . 581
confervés au Cabinet du Roi, il y en a un qui
a quatre pouces & demi de.longueur, depuis le mu-
feau jufqu’à l’anus. On en trouve fur la Côte d’or d’une
groffeur fi prodigieufe, que lorfqu’ils font en repos, on les
prendroit pour des tortues "de terre ; ils y font ennemis
mortels des ferpens: Bofman a été fouvent le témoin
des combats que fe livrent ces animaux. Il doit être
curieux de voir le contrafte de la lourde malle du
crapaud, qui fe gonfle & s’agite pefamment, avec les
mouvemens preftes &. rapides des ferpens, lorfqu’irrités
tous les deux , & leurs yeux en feu, l’un réfifte par
fa force & fon inertie aux efforts que fon ennemi
fait pour l’étouffer au milieu des replis de fon corps
tortueux , & que tous deux cherchent à fe donner la
mort par leurs morfures & leur venin fétide, ou leurs
liqueurs corrofives.
Ce n’eft qu’au bout de quatre ans que le crapaud
•eft en état de fe reproduire. On a prétendu que fa
vie ordinaire n’étoit que de quinze ou feize ans; mais fur
quoi l’a-t-on fondé ? Avoit-on fuivi avec foin le même
crapaud dans fes retraites écartées ? avoit-on recueilli
un affez grand nombre d’ohfervations, pour reconnoitre
la durée ordinaire de la vie des crapauds , indépendamment
de tout accident &. du défaut de nourriture? •
• (0) En Sardaigne 5 on regarde leur contai feul comme .dangereux.
Hiß. nat. des amph. & des poij. de cette IJle ^parM. François Cetti ,p- 4Q.