donc cru devoir adopter l’opinion de ces deux Voyageurs;
& c’eft ce qui nous a engagé à lui conferver
le nom de Roquet, que Ray lui a aulîi donné.
Il fe rapproche beaucoup, par fa conformation,
du lézard gris; mais il en diffère principalement, en
ce que le deffous de fon corps n’eft point garni d’écailles
plus grandes que les autres , & difpofées en bandes
tranfverfales. Il ne devient jamais fort grand ; celui
qui eft au Cabinet du Roi a deux pouces & demi de
long, fans compter la queue , qui eft une fois plus
longue que le corps (b ) . Il eft d’une couleur de feuille
morte, tachetée de jaune & de noirâtre : les yeüx font
brillans, & l’ouverture des narines eft aflez grande ;
il a, prefqu’en tout, les habitudes du lézard gris. Il vit
comme lui dans les jardins ; il eft d’autant plus agile,
que fes pattes de devant font longues, & en élevant
fon corps,. augmentent fa légèreté. 11 a d’ailleurs, les
ongles longs & crochus, ôc par conféquent il doit
grimper aifément. Il joint à la rapidité des mouvenrens,
l’habitude de tenir toujours la tête haute. Cette attitude
diftinguée ajoute à la grâce de fa démarche, ou
plutôt à l’agrément de fa courfe , car il ne ceffe , pour
ainfi dire, de s’élancer avec tant de promptitude, que
l’on a comparé la vivacité de ces petits bonds, à* la
(b) Le Roquet, que. Sloaue a décrit, étoit beaucoup plus petit.'Le
corps n’avoit qu’un pouce de long, & la queue un pouce & demi,.
i> s s Q v a d x v p è e e s o v i p a r e s . 5 9 9
vîtelîè du vol des oifeaux (c ) . Il aime les lieux humides
; on le trouve fouvent parmi les pierres, où il fe
plaît à fauter de l’une fur l’autre ( d ) . Soit qu’il coure
ou qu’il s’arrête, il tient fa queue prefque toujours relevée
au-deflus de fon dos, comme le lézard de la
Caroline, auquel nous avons confervé le nom de lézard-
lion. Il replie même cette queue, qui eft très-déliée,
de manière à ce qu’elle forme une efpèce de cercle.
Malgré fa pétulance, fon caraélère eft doux : il aime
la compagnie de l’homme, comme le lézard gris &.
le lézard vert. Lorfque fes courfes répétées l’ont fatigué,
& qu’il a trop chaud, il ouvre la gueule, tire
fa langue, qui eft très-large & fendue à l’extrémité,
& demeure pendant quelque tems haletant comme
les petits chiens. C’eft apparemment cette habitude
qui, jointe à fa queue retrouflee , & à fa tête relevée,
aura déterminé les Voyageurs à lui donner le
nom de lézard Roquet. Il détruit un grand nombre d’in-
feétes; il s’enfonce aifément dans les petits trous des
terrains qu il frequente, & lorfqu’il y rencontre de
petits oeufs de lézards ou de tortues, qui, n’étant revêtus
que d une membrane molle, n’oppofent pas une
grande réfiftance à fa dent, on a prétendu qu’il s’en
(c), Ray, Synopfts animalium„ page a68.
( d) Sloane t à l’endroit déjà cité.