vënimeufes ; on les mangé cependant dans quelques
contrées d’Allemagne ; & M. Laurenti ayant fait mordre
une de ces grenouilles par de petits lézards gris,
fur lefquels le moindre venin agit avec force, ils n’en
furent point incommodés (c). Elles font en très-grand
nombre dans l’iile de Sardaigne ( d ) , ainfi que dans
prefque toute l’Europe ; il paroît qu’on les trouve dans
l’Amérique feptentrionale, & qu’il faut leur rapporter
les grenouilles appellées grenouilles de terre par Ca-
'teiby (e) , & qui habitent la Virginie & la Caroline,
Ces dernières paroi fient préférer, pour leur nourriture,
les infectes qui ont la propriété de luire dans les ténèbres
, foit que cet aliment leur convienne mieux, ou
qu’elles puiflent l’appercevoir, & le faifir plus faci-
( c) Laurenti Jpecimen medicum , page 1 34.
■ (d) Hijloîre naturelle des amphibies & des poijfons de la Sardaigne}
par M. François Cetti.
(e ) « Le dos & le deflits de cefte grenouille ( la grenouille de
n terre), font gris & tachetés de marques d’un brun obfcur fort proches
ij les unes des autres : le ventre eft d’un blanc fale & légèrement marqueté 5
»j l’iris eft rouge. Ces grenouilles varient quelquefois par rapport à la
i j couleur , les unes étant plus grifes, & les autres penchant vers le
« brun ; leurs corps font gros, & elles reffemblent plus à un crapaud
u qu’à une Grenouille, cependant elles ne rampent pas comme les cra-
1 j pauds, mais elles fautent. On en voit davantage dans les tems humides i
u elles font cependant fort communes dans les terres élevées, & paroiflenî
dans le tems le plus chaud du jour, u Çatefiy, vol, page 6g,
d e s Q v a d r v p É d é s O V Ï P A R E S . 5 3 3
lement lorfqu’elles cherchent leur pâture pendant la
nuit, Catefby rapporte en effet qu’étant dans la Caroline
, hors de fa maifon , au commencement d’une
nuit très - chaude , quelqu’un qui l’accompâgnoit ,
laifla tomber de fa pipe un peu de tabac brûlant
qui fut faifi & avalé par une grenouille de terre,
tapie auprès d’eux , & dont l’humeur vifqueufe dut
amortir l’ardeur du tabac: Catefby eflaya de lui pre-
fcnter un petit charbon de bois allume , qui fut
avalé & éteint de même. Il éprouva conftamment
que les grenouilles terreftres faififlbient tous les petits
corps enflammés qui étoient à leur portée , & il conjectura,
d’après cela, quelles dévoient rechercher les
Vers ou les infectes- luifans qui brillent en grand
nombre , pendant les nuits d’été, dans la Caroline &
dans la Virginie ( f) .
(ƒ) Catejby , au même endroit,