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 près  dun  an  fans  manger  ;  &   c’elt  vraifemblable—  
 ment  ce  qui  a  fait  dire  qu il  ne  fe  nourrilToit  que  
 d’air  ( v ) .   Sa conformation ne  lui permet pas  de pouffer  
 de-véritables  cris ;  mais  lorfqu’il  eft fur  le  point  d’être  
 furpris,  il  ouvre  la  gueule ,  &   fiffle  comme  plufieurs.  
 autres  Quadrupèdes  ovipares  &   les  ferpens.. 
 L e   Caméléon;  fe  retire  dans  des  trous  de  rochers.  
 ou  d’autres  abris,  où  il  fe tient  caché  pendant  l’hiver,,  
 au  moins  dans  les  pays  un  peu  tempérés, &   où  il y a;  
 apparence qu’il  s’engourdit.  Ce  fait  était  connu  d’A rif-  
 tote  &   de Pline, 
 La   ponte  de  cet  animal  eft  de neuf à  douze  oeufs  ::  
 nous en avons compté dix dans  le  ventre  d’une  femelle-  
 envoyée du Mexique au Cabinet  du Roi : ils  font  ovales ,,  
 revêtus  d’une  membrane  molafle-  comme  ceux  des-  
 tortues  marines-,  des  iguanes,,  &cc.  ils  ont  à-peu-près,  
 fept  ou  huit  lignes  dans  leur  plus  grand' diamètre,  
 Lorfqu’on  tranfporte  le  Caméléon,  en  vie, dans  lesr>  
 pays un peu  froids,  il  refufe  prefque toute nourriture,,  
 il  fe  tient  immobile  fur  une  branche,  tournant  feulement  
 les  yeux  de  tems-en-tems  ;  &   il  périt  -bientôt  
 (Xj), 
 (v) B élan. 
 (x)  Sébaj.vot.  t. 
 M* Bomare j  article du Caméléons 
 d e s   Q u a d r u p è d e s   o v i p a r e s .  Z 5 7   
 On trouve le Caméléon dans  tous les climats chauds f  
 tant  de  l’ancien que  du nouveau  Continent,  au Mexique, 
   en  Afrique  ( y ) , au  Cap  de  Bonne-efpérance,  
 dans  l’ifle  de  Ceylan,  dans  celle  d’Amhoine, &c.  La   
 deftinée  de  cet  animal  paroît  avoir  été  d’intéreffer  de  
 toutes les manières. Objet,  dans les pays anciennement  
 policés,  de  contes  ridicules,  de  fables  agréables,  de  
 fuperftitions abfurdes &  burlefques, il jouit de beaucoup  
 de  vénération  fur le  bord du  Sénégal  &   de  la  Gambie,  
 La  religion  des  Nègres  du  Cap  de Monté,  leur  défend  
 de  tuer  les  Caméléons,  &   les  oblige  à  les  fecoürir  
 lorfque  ces  petits  animaux  tremblans  le  long  des  rochers  
 ,  dont ils  cherchent  à defcendre, s’attachent  avec  
 peine par leurs ongles,  fe  retiennent  avec  leur queue,,  
 &   s’épuifent,  pour  ainfi  dire,  en  vains  efforts  :  mais  
 quand ces animaux  font morts,  ces mêmes Nègres font  
 fécher leur chair  &   la   mangent.. 
 (y)  "   Ceux  qui'  ont  l’oeil  bon ,  découvrent  des  tritoh  ,  Bouiak  
 ou  Caméléons  fur  toutes-  les  haies,  La  langue  du  Caméléon  eft«-  
 »ngue  dé  quatre  pouces,  elle  a  la  figure  d’un  pilon  ;  cet  animait»  
 là  lance  avec  une  rapidité  furprenante,  fur  les-  mouches  ou  autres «-  
 ihfeétes.  qu’il  y   accroche  avec  une  efpèce  de  glu  qui  fort  à  point t»  
 nommé  du  bout  de  fti  langue.  Les-  Maures  &   les  Arabes  ,  après«-  
 en  avoir  léché  la  peau,  la  portent  au  cou, dans la perfuafion que cettet»  
 amulette,  les  garantit  contre-les  influences  d’un  oeil  malin. »   Voyage  
 de  i^haw,  d'ans  plufieurs  Provinces  de  la  Barbarie  Si  du  Levant y à   
 la Haye,  2 7 4 3 ,  volume  1 ,  page  g x j.