crocodile qui habite les bords du Gange, & auquel nous
confervons le nom de Gavial, qui lui a été donné dans
1 Inde. .Ces trois efpèces fe refl'emblent, parles carac-
teresdiftinctifs des crocodiles que nous venons d’indiquer;
niais elles diffèrènt les unes des autres par d’autres
caractères que nous rapporterons dans leurs articles
particuliers.
On a donné aux crocodiles d’Amérique le nom de
Cayman, que l’on a emprunté- des Indiens ; nous en
avons comparé avec foin plufieurs individus de différens
âges, avec des crocodiles du N il,i& nous ayons penfé
qu ils font abfolument de la même efpèce que ces crocodiles
d’Egypte;-ils ne préfentent aucune différence
remarquable-, qui ne puifle être rapportée à l’influence
du climat. En effet, fi leurs mâchoires font' quelquefois
moins a longées , elles ne diffèrent jamais a liez-; pa r ,
leur raccourciffement, de celles des crocodiles du Nil,
pour que les Caymans conftituent une efpèce diftincle,
d autant plus que cette différence .eft très-variable, &,
que les crocodiles d’Amérique refièmblent autant à
ceux du Nil par le nombre de leurs dents., qu’un individu
reffemble a un autre parmi ces derniers crocodiles.
On a prétendu que le cri des- Caymans étoit
plus foible, leur courage moins grand J & leur longueur
moins confidérable ; mais cela n’eft vrai tout au
plus que des crocodiles de certaines contrées de l’Amé-
fiqne, & particulièrement des eûtes de la Guiane. Ceux
de la Louifiqng
de la Louifiane font entendre une forte de mugiffe-
ment pour le moins aulïï fort que celui des crocodiles
de l’ancien continent, qu’ils furpaffent quelquefois
par leur grandeur & par leur hardieffe, tandis
que nous voyons d’un autre côté, dans l’ancien monde,
plufieurs pays où les crocodiles font prefque muets ,
ôt préfentent une forte de lâcheté & de douceur de
moeurs égales, pour le moins, à celle des crocodiles
de la Guianè.
Les crocodiles du N il, & ceux d’Amérique ne
forment donc qu’une efpèce, dont la grandeur. & les
habitudes varient dans les deux continens, fuivant la
température, l’abondance de la nourriture, le plus ou
moins d’humidité, &c. Cette première efpèce eft donc
commune aux deux mondes, pendant que le crocodile
noir n’a été encore vu qu’en Afrique, & le Gavial fur
les bords du Gange.
Les Voyageurs , qui „font allés fur les côtes orientales
de l’Amérique méridionale, difent que l’on y rencontre
de grands Quadrupèdes ovipares, qu’ils regardent
comme une petite efpèce de caymans, bien diftinéte
del’efpèce ordinaire. Cette prétendue efpèce de cayman
eft celle d’un grand lézard, que l’on nomme dragonne,
& qui parvient quelquefois à la longueur de cinq ou
fix pieds. Notre opinion à ce fujet a été confirmée par
un fort bon Obfervateur , qui arrivoit de la Guiane ,
à qui nous avons montré la dragonne , & qui l’a
Ovipares , Tome I. A a