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 notre  lézard  V e r t,  il  ne  lui  cède  pas  en  beauté.  La  
 plupart  de  ces  gobes-mouches font  d’un  vert  très-vif;  
 fl y  en a  cpii paroiffent éclatans d’or &  d’argent:  d’autres  
 font  d’un vert doré, ou peints de  diverfes couleurs auffi  
 brillantes  qu’agréables.  Ils  deviennent  très-utiles  en  
 délivrant  les  habitations  des  mouches,  des  ravets  &   
 des autres infectes nuifibles. Rien n’approche  de  1 induir 
 e ,   de  la dextérité, de  l’agilité  aveq.lefquelles ils. les  
 .cherchent, les pourfuivent St les faiM&t. Aucun animal  
 ti’eft plus  patient  que  ces  charmans  petits  lézards  :  ils  
 demeurent  quelquefois  immobiles  pendant  une  demi-  
 journée, en  attendant leur proie ;  dès qu’ils  la  voient,  
 ils  s’élancent  comme  un  trait,  du  haut  des  arbres,  ou  
 il  fe  plaifent  à  grimper.  Les  oeufs  qu’ils pondent  font  
 de  la  groffeur  d’un  pois;  ils  les  couvrent  dun  peu  de  
 terre,  St  la  chaleur  du  foleil  les  fait  éclore.  Ils  font  
 fi  familiers ,  qu’ils  entrent  hardiment  dans  les  appar-  
 temens;  ils  courent  même  par-tout  fi  librement  ,  &   
 font  fi  peu  craintifs,  qu’ils montent fur  les tables pendant  
 les  repas;  &   s’ils  apperçoivent  quelque  infede,  
 ils  fautent  fur  lu i,  St  paffent  pour  l’atteindre  jufque  
 fur  les habits des  convives ;  mais  ils  font  fi  propres  St  
 fi  jolis,  qu’on  les  voit  fans  peine  traverfer les  plats  St  
 toucher les mets  (n). Rien ne manque  donc  au  lézard 
 (n)  Ray,  à £ endroit déjà  citégobe 
 mouche  pour  plaire  ;  parure,  beauté,  agilité,  
 u tilitépatience,  induftrie,  il  a  tout  reçu  pour  charmer  
 l’oeil  &   intérefler  en  fa  faveur. Mais  il  eft  aufli  
 délicat que  richement coloré ; il  ne  fe montre  que pendant  
 l’été  aux  latitudes  un  peu  élevées,  &   il  y  pafle  
 la  faifon  de  l’hiver  dans  des  crevaffes  &.  des  trous  
 d’arbres  où il  s’engourdit  (0). Les jours chauds St  fereins  
 qui  brillent  quelquefois  pendant  l’hiver , le  raniment  
 au  point  de  le  faire  fortir  de fa  retraite ; mais  le  froid:  
 revenant  tout  d’un  coup  ,  le rend fi  foible  qu’il n’a  pas;  
 la  force  de  rentrer  dans  fon  afîle,  St  qu’il  fuccombe  
 à  la  rigueur  de  la  faifon.  Quelque  agile  qu’il  foit,  il  
 n’échappe,  qu’avec  beaucoup  de  peine,  à  la  pour-  
 fuite  des  chats  &   des  oifeaux  de  proie.  Sa  peau  ne;  
 peut  cacher  entièrement les altérations intérieures qu’il  
 fubit;  fa  couleur  change  comme  celle  du  caméléon,,  
 fuivant  l’état  où  il.  fe  trouve,  ou ,  pour  mieux  dire  ,,  
 fuivant  la  température  qu’il  éprouve.  Dans  un  jour-  
 chaud ,  il  eft  d’un  vert brillant ;  St  fi,  le lendemain , il  
 fait  froid,  il  paroît  d’une  couleur  brune.  Aufiî,  lorf—  
 qu il  eft  mort,  l’éclat  &   la  fraîcheur  de  fes  couleurs  
 difparoiffen.t, &   fa  peau  devient  pâle  St  livide  (p). 
 Les  couleurs  fe  teniiffent  &   changent  ainfi  dans 
 ( o 1  Catejby,   à l’endroit déjà  cité..  
 £P)  Idem,  Ibid.