prouvent pas cette grande déification, qui devient une
foif ardente dans certains animaux ; ils n’ont pas befioin
de rafraîchir, par une boiffbn très-abondante, des vaif-
feaux intérieurs, qui ne font jamais trop échauffés;
Pline, & les Anciens , avoient reconnu que les animaux
qui ne fuent point, & qui ne poflèdent pas une
grande chaleur intérieure, mangent très-peu. En effet,
la perte des forces n’eft-elle pas toujours proportionnée
aux réfiflances ? les réfiftances ne le font-elles pas aux
frottemens ; les frottemens à la rapidité des mouvemens;
& cette rapidité ne l’eft-elle pas toujours à la chaleur
intérieure «
Mais fi les Quadrupèdes ovipares réfiflent avec facilité
à des coups qui ne portent que fur certains points
de leur corps, à des chocs locaux, à des léfîons particulières
, ils fuccombent bientôt aux efforts des caufes.
extérieures, énergiques & confiantes qui les attaquent
dans tout leur enfemble ; ils ne peuvent point leur op-
pofer dès forces intérieures affez aélives : & comme la
caufe la plus contraire à une foible chaleur interne,
efl un froid extérieur plus ou moins rigoureux, il n eft
pas furprenant que les Quadrupèdes ovipares ne puiffent
réfifter aux effets d’une atmofphère plutôt froide que
tempérée. Voilà pourquoi on ne rencontre la plupart
des tortues de mer, les crocodiles, & les autres grandes
efpèces de Quadrupèdes ovipares, que près des zones
torrides, ou du moins à des latitudes peu élevées, tant
d e s Q u a d r u p è d e s o v i p a r e s . 2,3
dans l’ancien que dans le nouveau Continent ; & non-
feulement ces grandes efpèces font confinées aux environs
de la zone torride, mais encore a mefure que
les individus & les variétés d’une même efpèce habitent
un pays plus éloigné de l’equateur, plus eleve ou plus
humide, & par conféquent plus froid, leurs dimenfions
font beaucoup plus petites (t). Les crocodiles des contrées
les plus chaudes l’emportent fur les autres par leur grandeur
& par leur nombre; &. fi ceux qui vivent très-près
de la ligne, font quelquefois moins grands que ceux que
l’on trouve à des latitudes plus élevées, comme on le
remarque en Amérique, c’eft qu’ils font dans des pays
plus peuplés, où on leur fait une guerre plus cruelle,
& où ils ne trouvent ni la paix ni la nourriture , fans
lefquelles ils ne peuvent parvenir à leur entier accroif-
fement.
La chaleur de l’atmofphère efl même fi néceffaire
aux Quadrupèdes ovipares, que lorfque le retour des
faifons réduit les pays voifins des zones torrides, à la froide
température des contrées beaucoup plus élevées en latitude,
les Quadrupèdes oviparés perdent leur aétivité;
leurs fens s’émouffent; la chaleur de leur fang diminue
; leurs forces s’affoibliffent ; ils s’empreffent de gagner
(t) Les plus gros crocodiles, & le plus grand nombre de ces animaux,
habitent la zone torride. Catefoy, Hifloire naturelle de la Carer-
Une j volume a , page 63.