grenouilles, parce quelle a les pattes de derrière plus
longues, en proportion de la grandeur du corps. C’eft
au milieu des bois, c’eft fur les branches des arbres
qu’elle pafle prefque toute la belle faifon ; fa peau eft;
1! gluante , & fes pelote^ vifqueufes fe collent avec
tant de facilite à* tous Igs corps, quelque polis qu’ils
fbient, que la Raine n’a qu’à fe pofer fur la branche
la plus unie, même fur la furface inférieure des
feuilles, pour s’y attacher de manière à ne pas tomber.
Catefby dit quelle a la faculté de rendre ces pelotes
concaves, & de former par-là un petit vide qui l’attache
plus fortement à la furface quelle touche. Ce
même Auteur ajoute quelles franchiflent quelquefois
un intervalle de douze pieds. Ce fait eft peut-être
exagéré ; mais, quoi quil en foit, les Raines font auili
agiles dans leurs mouvemens que déliées dans leur
forme.
Lorfque les beaux jours font venus , on les voit
s’élancer fur les infeéles qui font à leur portée; elles
les faillirent, & les retiennent avec leur langue, ainli
que les grenouilles; & fautant avec vîteffe de rameau
en rameau, elles y repréfentent jufqu’à un certain
point les jeux éç les petits vols des oifeaux, ces légers
habitais des arbres élevés. Toutes les fois même qu’aucun
préjugé défavorable n’exiftera contre elles', qu on examinera
leurs couleurs vives qui fe marient avec le
vert des feuillages & l’émail des fleurs ; qu’on remarquera
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quera leurs rufes & leurs embufcades ; qu’on les fuivra
des yeux dans leurs petites chafl'es; qu’on les verra
s’élancer à plufieurs pieds de diftance , fe tenir avec
facilité fur les feuilles dans la fituatlon la plus ren-
verfée & s’y placer d’une manière qui paroîtroit mer-
veilleufe fi l’on ne connoiffoit pas l’organe qui leur a
été donné pour s’attacher aux corps les plus unis ;
n’aura-t-on pas prefque autant de plaifir à les obfer-
ver qu’à confidérer le plumage, les manoeuvres & le
vol de plufieurs efpèces d’oifeaux ?
L ’habitation des Raines au fommet de nos arbres,
eft une preuve de plus de cette analogie & dé cette
reffemblance d’habitudes que l’on trouve même entre
les clafles d’animaux qui paroiffent les plus différentes
les unes des autres. La dragonne, l’iguane^, le bafilic,
le caméléon, & d’autres lézards très-grands habitent
au milieu des bois & même fur les arbres ; le lézard
ailé s’y élance comme l’écureuil avec une facilité &
à des diftances qui ont fait prendre fes fauts pour une
efpèce de vol; nous retrouvons encore fur ces mêmes
arbres les Raines, qui cependant font pour le moins
auffi aquatiques que terreftres, & qui paroiffent fi fort
fe rapprocher des poiflons; & tandis que ces Raines,
ces habitans fi naturels de l’eau, vivent fur les rameaux
de nos forêts, l’on voit, d’un autre côté, de
grandes légions d’oifeaux prefque entièrement dépourvus
d’ailes, n’avoir que la mer pour patrie, &. attachés,
Ovwares. Tome J. A a a a