514 Hi s t o i r e Na t u r e l l e
de climats très-chauds où elles ne s’engourdiffent jamafe
bien loin de contrarier les habitudes de ces animaux 3
on ne feroit que les ramener à leur état naturel, &
ils n’auroient rien à craindre de l’aélivité qu’on leur
rendroit..On eft même parvenu, par une chaleur artificielle,
à remplacer affez la chaleur du printems, pour
que des Grenouielles aient éprouvé, l’une auprès de
l’autre,, les defirs que leur donne le retour de la belle-
faifon. Mais , foit par défaut de nourriture,. foit par
une fuite des fenfations qu’elles avoient éprouvées;
trop brufquement,, & des efforts qu’elles avoient faits
dans un tems où communément il leur relie à peine
la plus foible exiftence , elles n’ont pas furvécu long-
tems à une jouiffance trop hâtée ( f) ,
Les Grenouilles font fujettes- à quitter leur peau
de même que les autres Quadrupèdes- ovipares; mais
cette peau eft plus fouple, plus conftamment abreuvée
par un élément qui la ramollit, plus fujette a etre-
altérée par les caufes extérieures;- d’ailleurs les Grenouilles,
plus voraces & mieux conformées dans les
organes relatifs à la nutrition, prennent une nourriture
plus abondante , plus fubftantielle , & qui fourniffant
une plus grande quantité de nouveaux fucs ,, forme
plus aifément une nouvelle peau au-deffous de 1 an--
eienne..Il n’eft donc pas furprenant que les Grenouilles.
{£) Mémoires de M. Gleditsch, dans- ceux de l’Académie, de Prujfe.-
DES QvADRVpèDE S OVIPARES. 5 I 5
Ce dépouillent très-fouvent de leur peau pendant la
faifon où elles ne font pas engourdies, & qu’alors elles
en produifent une nouvelle prefque tous les huit jours:
lorfque l’ancienne eft féparée du corps de l’animal,
elle reffemble à une mucoiité délayée.
C’eft fur-tout au retour des chaleurs que les Grenouilles
communes, ainli que tous les Quadrupèdes
ovipares, cherchent à s’unir avec leurs femelles; il
croît alors aux pouces des pieds de devant de la Grenouille
mâle , une efpèce de verrue plus ou moins
noire, & garnie de papilles ( g ) . Le mâle s’en fert
pour retenir plus facilement fa femelle ( h ) ; il
monte fur fon dos, & l’embraffe d’une manière fi
étroite avec fes deux pattes de devant, dont les doigts
s’entrelacent les uns dans les autres, qu’il faut employer
un peu de force pour les féparer, & qu’on n’y parvient
pas en arrachant les pieds de derrière du mâle.
M. l’Abbé Spallanzani a même écrit qu’ayant coupé la
tête à un mâle qui étoit accouplé, cet animal ne ceiïa
pas de féconder pendant quelque tems les oeufs de fa
femelle , & ne mourut qu’au bout de quatre heures (i).
tg ) Raefel, page $4.
( h ) M. Linné , vraifemblablement d’après Frédéric Menzius, a été
tenté de regarder cette efpèce de rerrue, comme la partie fexnelle du
mâle ; pour peu qu’il eût réfléchi à cette opinion, il auroit été le premier'
à la rejeter. L in ., Jÿflema nat., edit. 13 .“ tant. 1 , folio 35$.
( i) Vol. 3 , page 86.