222 Hi s t o i r e N a t u r e i z e
Mais fi le crocodile n’a pas la cruauté des chiens de
mer & de plufieurs autres animaux de proie , avec
lefquels il a plufieurs rapports, & qui vivent comme
lui au milieu des eaux , il n’a pas affez de chaleur
intérieure pour avoir la fierté de leur courage : aufli
Pline a-t-il écrit qu’il fuit devant ceux qui le pour-
fuivent, qu’il fe laifle même gouverner par les hommes
allez hardis pour fe jeter fur fon dos, & qu’il n’eft
redoutable que pour ceux qui fuyent devant lui (x).
Cela pourrait être vrai des crocodiles que Pline ne
connoiflbit point, qui fe trouvent dans certains endroits
de l’Amérique, & qui, comme tous les autres grands
animaux de ces contrées nouvelles où l’humidité 1 emporte
fur la chaleur, ont moins de courage & de force
que les animaux qui les repréfentent dans les pays feçs de
des tortues dans un badin plein d'eau. Ils y vivent long-tcnas fans faire
meine aucun mal aux tortues. On les nourrit avec les relies des cuilines.
Note communiquée par M. de la Borde.
(x) Pline, Hißoire naturelle, Livre V III, Chap. x XXVi i i -
On peut auffi voir, dans Profper Alpin, ce qu’il raconte de la ma-*
Bière dont les payfans d’Egypte faififfoient un crocodile, lui lioient
la gueule & lés pattes, le portoient à des acheteurs, le faifoient marcher
quelque tems devant eux après l’avoir délié, rattaçhoient enfuite
fes pattes & là gueule, Tégorgeoient pour le dépouiller , &c. Prof-
ver Alpin j Hiß, naturelle de 1''Egypte, à Leyde , in*4° tome ? i
Çhapitre y .
s e s Q u a d r u p è d e s o v i p a r e s . 2 2 $
l'ancien continent (y) ; & cette chaleur eft fi nécef-
faire aux crocodiles que non-feulement ils vivent avec
peine dans les climats très-tempérés C{) > niais encore
que leur grandeur diminue à mefure qu’ils habitent des
latitudes élevées. On les rencontre cependant dans les
deux mondes à plufieurs degrés au-deflus des tropiques
( a ) : l’on a même trouvé des pétrifications de
(y ) «Dans l’Amérique méridionale, aux environs de Cayenne, les
Nègres prennent quelquefois de petits caymans, de cinq à fix pieds«
de long. Ils leur attachent les pattes, & ces animaux fe laiffent albrs«
manier & porter, même fans menacer de mordre. Les plus prudens«
leur attachent les deux mâchoires, ou leur mettent une groflé lame«
dans la gueule. Mais dans certaines rivières de Saint-Domingue, od le «
crocodile ou cayman eft affez doux, les Nègres le pourfuivent ; l’a-««
nimal cache fa tête, & une partie de fon corps, dans un trou. O n «
paffe un noeud coulant, fait avec une groffe cordé, à une de fe s«
pattes de derrière -, plufieurs Nègres le tirent enfuite, 8c le traînent «
par-tout jufque dans les maifons, fans qu’il témoigne la moindre envie««
de fe défendre. » Note communiquée par M. de la Borde.
( t ) Mémoires pour feryir à IHifioire naturelle des animaux ;
article du crocodile.
{a) ce Les rivières de la Corée font fouvent infeftées de crocodiles,'
OU alligators, qui ont quelquefois dix-huit ou vingt aunes de long. »
Relation de Hamel, Hollandais, & defeription de la Corée. Hifioire
générale des Voyages , tome 2 4 , page 2 4 4 , in-12. 1745.
Les rivages de la terre des Papous, font aufli peuplés de crocodiles.
• Voyage , de Fernand Mende% Pinto, Hijloire générale des Voyages ,
Seconde partie , Livre IL