comme lè lion, il exieree une domination plus abfolué
que celle du lion & de l’aigle; <Sc il jouit d’un empire
d’autant plus durable, qu’appartenant à deux élé—
mens , il peut échapper plus aifément aux pièges;
qu’ayant moins de chaleur dans le fang, il a moins
befoin de réparer des forces qui s’épuifent moins vite ;
& que pouvant réfifter plus long-tems à la faim, il
livre moins fouvent des combats hafardeux.
î II furpafle, par la longueur de fon corps, & l’aigle
& le lion , ces fiers rois de l’air & de la terre ; &
fi l’on excepte les très - grands quadrupèdes , comm'ë
l ’éléphant, l’hippopotame , &c. & quelques ferpens
démefurés, dans lefqueîs la Nature paroît fe complaire
à prodiguer la matière, il feroit le plus grand des animaux
, f i, dans le fond des mers dont il habite les
bords, cette Nature puiflante n’avoit placé d’immenfes
cétacées. Il elt à remarquer qu’à mefure que les animaux:
font deftinés à fendre l’air avec rapidité à marcher
fur la terre , ou à cingler au milieu des eaux , ils
font doués d’une grandeur plus confidérable. Les aigles
& les vautours font bien éloignés d’égaler en grandeur
le tigre, le lion, & Je chameau ; à mefure même que
les quadrupèdes vivent plus près des rivages, il femble
que leurs dimenfions augmentent, comme dans l’éléphant
& dans l’hippopotame , & cependant la plupart des
animaux: quadrupèdes , dont le volume eft le plus
étendu, font moins grands que les crocodiles qui ont
d e s Q v a d r v p è d e s OV I P A R E S . ipl
atteint le dernier degré de leur développement. On
diroit que la Nature auroit eu de la peine à donner
à de très-grands animaux des relïorts alfez puiflans
pour les élever au milieu d’un élément auffi léger que
l’air , & même pour les faire marcher fur la terre ,
& qu’elle n’a accordé un volume, pour ainfi dire gi~
gantefque , aux êtres vivans & animés , que lorfqu’ils
ont dû fendre l’élément de l’eau, qui, en leur cédant
par fa fluidité, les a foutenus par fa pefanteur. L ’art
de l’homme, qui n’eft qu’une application des forces
de la nature, a été contraint de fuivre la même pro-
grelfion ; il n’a pu faire rouler fur la terre que des
malles peu confidérables; il n’en a élevé dans les airs
que de moins grandes encore ; & ce n’eft que fur la fur-
face des ondes qu’il a pu diriger des machines énormes.
Mais cependant comme le crocodile ne peut vivre
que dans les climats très-chauds, & que les grandes
baleines c& c . fréquentent de préférence, au contraire,
les régions polaires, le crocodile ne le cède en grandeur
qu’à un petit nombre des animaux qui habitent les
mêmes pays que lui. C’efl: donc allez fouvent fans
trouble qu’il exerce fon empire fur les Quadrupèdes
ovipares. Incapable de defirs très-ardens, il ne relîènt
pas la férocité (b). S’il fe nourrit de proie; s’il dévore
les autres animaux ; s’il attaque même quelque-
(b ) Ariftote eft le premier Naturalifte qui l’ait reconnu.