pares, doit encore être comptée parmi les caufes de
leur peu de fenlibilité ; &. cette efpèce de froideur de
tempérament n’eft-elle pas augmentée par le rapport
de leur fubftance avec l’eau? Non-feulement, en effet,
ils recherchent la lumière adive du foleil, par défaut
de chaleur intérieure, mais encore ils fe plaifent au
milieu des terreins fangeux & d’une humidité chaude
par analogie de nature. Bien loin de leur être contraire,
cette humidité, aidée de la chaleur, fert à leur développement
; elle ajoute à leur volume, en s’introduifant
dans leur organifation, & en devenant portion de leur
fubftance; & ce qui prouve que cette humeur aqueufe,
dont ils font pénétrés , n’eft pas une vaine bouffifîure,
un gonflement nuifible, & une caufe de dépériffement
plutôt que d’un accroiflement véritable ; c’eft que bien
loin de perdre quelqu’une de leurs propriétés, lorfqu®
leur fubftance eft, pour ainfi dire, imbibée de l’humidité
abondante dans laquelle ils font plongés, la faculté
de fe reproduire paroît s’accroître dans ces animaux à
mefure qu’ils font remplis de cette humidité chaude,
fi analogue à la nature de leurs corps.
Cette convenance de leur nature avec l’humidité,
montre combien leur mouvement vital tient, pour ainfi
dire, à plufieurs reflbrts affez indépendans Içs uns des
autres : en effet, cette furabondancp d’eau eft avanta-
geufe aux êtres dans Jefquels les mouvemens intérieurs
peuvent être ralentis fans être arrêté?, dans lefquels la
moilçlfe
D E S Q ü Â D R V P È D E S O V I P A R E S . X J
molleffe des fubftances peut diminuer fans inconvénient
la communication des forces, & dont les divers membres
ont plus befoin de parties groflières & de molécules
qui occupent une place, que de principes aétifs & de
portions délicatement organifées. Elle caufe, au contraire
, le dépériffement des êtres pleinement doués de
v ie , qui exiftent par une grande rapidité des mouvemens
intérieurs, par une grande élafticité des di-
verfes parties, par une communication prompte de
toutes les impreflions, & qui ont moins befoin , en
quelque forte, d’être nourris que mis en mouvement,
d’être remplis que d’être animés. Voilà pourquoi les
efpèces des animaux les plus nobles dégénèrent bientôt
fur ces rivages nouveaux, où d’immenfes forêts arrêtent
& condenfent les vapeurs de l’air, où des amas énormes
de plantes baffes & rampantes retiennent fur une vafe
bourbeufe une humidité que les vents ne peuvent diffi-
per, & où le foleil n’élève par fa chaleur une partie
de fes vapeurs humides, que pour en imprégner davantage
l’atmofphère, la répandre au loin, & en multiplier
les pernicieux effets. Les infectes, au contraire,
craignent fi peu l’humidité, que c’eft précifément fur
les bords fangeux, à peine abandonnés par la mer &
toujours plongés dans des flots de vapeurs & de brouillards
épais, qu’ils acquièrent le plus grand volume,
& font parés des couleurs les plus vives.
Mais, quoique les .Quadrupèdes ovipares paroiflent
Ovipares, Tome I , Q