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 les  Etats  barbarefques ;  elle  s’avance  peu  dans  la mer  
 Adriatique,  &   fi  elle parvient rarement jufqu’à la mer  
 Noire,  c’eft  quelle  doit  craindre  le  froid  des  latitudes  
 élevées.  Elle  eft  diftinguée.  de. toutes  les  autres tortues,  
 tant  marines  que  terreftres,  en  ce  quelle  n’a  point  
 de  plaftron  apparent.  Sa  carapace  eft  placée  fur  fon  
 dos  comme  une  forte  de  grande  çuirafle ,  mais  elle  
 rie  s’ étend  pas  allez  pardevant  &   parderrière  pour  
 que  la  tortue  purifie  mettre  fa  tête,  fes  pattes  &   fa  
 queue  a  cpuyert  fous  cette  forte  d’arme  défenfive.  
 La   tortue  Lutb  paroit  fe  rapprocher  par-là des  crocodiles, 
   <Sç  des  autres  grands  Quadrupèdes  ovipares  qui  
 peuplent  les rivages des  mers. La  couverture  fupérieure  
 eft convexe, arrondie dans  une  partie  de  fon  contour,  
 mais terminée parderrière en pointe fi aigue <Sc.fi alongée,  
 quon  croiroit voir une  fécondé  queue  placée  au-deifius  
 de  la  véritable  queue  de  l’animal ;  le  long  de  cette  
 carapace, s’étendent  cinq arêtes  a fiez  éleyées,  &   dont,  
 celle  du  milieu  eft  fur-rtout  très-faillante ;  quelques  
 Naturaliftes  ont  compté  fept  arêtes,  parce  qu’ils  ont  
 compris  dans  ce  nombre  les deux lignes  qui  terminent  
 la  carapace  de  chaque  côté.  Cetté  couverture  fupé-  
 ripure  n eft  point  garnie  d’écaijles  comme  dans  les  
 autres  tortues  marines ;  mais  cette  efpèçe  fie  çuirafle[,  
 ainfi que  tout  le  corps,  la  tête,  les  pattes &   la  queue,  
 revêtue  d’une  peau  épaifie,' qui, par  fa  confiftanee 
 D E S   Q U A D R U P È D E S   O V I P A R E S .   H J   
 «Sç  fa  couleur,  reflemble  à  un  cuir  dur  &   noir.  Auflx  
 Linné  a-t-il  appellé  la  tortue  Luth,  la  tortue  couverte  
 de cuir; &  a-t-elle  plus de  rapport que  les autres tortues  
 marines,  avec  les  lamantins  <Sc  les  phoques  dont  les  
 pieds  font  recouverts  d’une  peau  noirâtre  &   dure;  le  
 deflous  du  corps  eft  aplati  ;  les  pattes,  ou  plutôt  les  
 nageoires,  de  la  tortue Luth,  font  dépourvues d’ongles  
 fuivant  la  plupart des Naturaliftes ;  mais  j’ai  remarqué  
 une membrane  en  forme  d’ongle  aux  pattes  de  derrière  
 de  celle  que  l’on  conferve  dans  le  Cabinet  du  
 Roi;  la  partie  fupérieure  du  mufeau  eft  fendue  de  
 manière  à  recevoir  la  partie  inférieure  qui  eft  recourbée  
 en  haut.  Rondelet  dit  avoir  vu  une tortue  de  
 cette  efpèce prife  à  Frontignan ;  fur  les  côtes  du  Languedoc  
 ,  longue  de  cinq  coudées,  large  de  deux  ,  &   
 dont on retira une grande quantité de  graifle  ou  d’huile  
 bonne  à  brûler  ( b ) .   M.  Amoureux,  le  fils,  de  la.  
 Société  royale  de  Montpellier,  a  donné  la  defcriprion  
 d’une tortue  de  cette  efpèce, pêchée  au  port  de Cette,  
 en  Languedoc,  &  dont la  longueur totale  étoit de  fept  
 pieds  cinq  pouces  (c).  Celle  qui  a  fervi  à  notre  défi-  
 cription,  &  dont nous  rapportons les dimenfions dans la 
 ( b )  Rondelet,  à  l’endroit  cité. 
 {c) Journal  de  Phyjiquc  ,  i jj8.  
 Ovipares,  Tome  I. P