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 vrent  (p),  fur-tout  lorfque  la  chaleur  de  l’atmofphère  
 en  favori fe  la  reproduction ;  &   ce  qui  paraîtra  plus  
 furprenant  à  ceux  qui  ne  jugent  que  d’après  ce  qu’ils  
 ont  communément  fous  les  y eu x ,  il  eft  des Quadrupèdes  
 ovipares qui  peuvent fe mouvoir long-tems après  
 qu’on  leur  a  enlevé  la  partie  de  leur  corps  qui  paraît  
 la  plus  néceiîaire  à  la  vie ;  les  tortues  vivent  plufieurs  
 jours  après  qu’on  leur  a  coupé  la  tête  (q)',  les  grenouilles  
 ne  meurent  pas  tout  de  fuite, quoiqu’on  leur  
 ait arraché  le  coeur ; & ,  dès le tems d’Ariftote, on favoit  
 que  quelques  momens  après  qu’on  avoit  dilféqué  un  
 caméléon,  fon  coeur  palpitoit  encore  (r).  Ce  grand  
 phénomène  ne  fuffiroit-il  pas pour  démontrer  combien  
 .les  différentes  parties  des  Quadrupèdes  ovipares  dépendent  
 peu  les  unes  des  autres ?  Il  prouve  non-feulement  
 que  leur  fyftême  nerveux  n’eft pas aulîi lié que 
 qui  s'eft  formée  eft  confidérable.  C’eft  M.  de  la  Borde  ,  Médecin  
 du  Roi  à  Cayenne,  &   corre/pondant  du  Cabinet  du  R o i, qui  l'a .envoyé. 
   I l  a  rencontré, dans  l’Amérique  méridionale,  un  lézard  d’une  
 autre  efpèce,  &   n’ayant  également  que  trois  pattes.  Il  en  fait  mention  
 dans  un  recueil  d’obfervations  nouvelles  &   très - intéreflantes,  qui l l e   
 propofe  de  publier  fur  l’Hiftoire  naturelle  de  l’Amérique méridionale. 
 (p)  Voyez  deux Mémoires  de  M.  Bonnet  , publiés  dans  le  Journal  
 dePhyfique,  l’un  en  Novembre  17 7 7  >  &   l’autre  en Janvier  1779. 
 (  q  )  Voyez  l’article  de la  Tortue,  appellée  la  Grecque. 
 (  r  )  Conrad  Gefrier,   Hiß.  des  animaux,   Liy.  I L   des  Çua~,  
 fdup.  oyip. p.  | ji  édit,  de  1554. 
 d e s   Q u a d r u p è d e s   o v i p a r e s .  2Î 
 celui  des  autres  Quadrupèdes  ,  puifqu’on  peut  féparer  
 les  nerfs  de  la  tête de  ceux  qui  prennent  racine  dans  
 la  moelle  épinière,  fans  que  l’animal  meure  tout  de  
 fuite,  ni  même  paroilfe beaucoup  fouffrir dans les premiers  
 momens;  mais  ne  démontre-t-il  pas  encore  que  
 leurs  vaiffeaux  fanguins  ne  communiquent  pas  entre  
 eux  autant que  ceux des  autres  Quadrupèdes, puifque  
 fans  cela  tout  le  fang  s'échapperait  par les  endroits où  
 les  artères  auraient  été  coupées ;  &   l’animal  réitérait  
 làns  mouvement  &   fans  vie ?  Ceci  s’accorde  très-bien  
 avec la  lenteur &  la  froideur  du  fang des Quadrupèdes  
 ovipares ;  &   il  ne  faut  pas  être  étonné  que  non-feulement  
 ils  ne  perdent  pas  la  vie  au  moment  que  leur  
 tête  eft féparée  de leur corps, mais  encore  qu’ils vivent  
 plufieurs  jours  fans  l’organe  qui  leur  eft néceffaire pour  
 prendre  leurs  alimens.  Ils  peuvent  fe paffer de manger  
 pendant  un  tems  très-long ; on  a  vu  même des tortues  
 des crocodiles demeurer plus d’un an  privés de toute  
 nourriture  (s) . La  plupart  de  ces animaux font revêtus  
 d’écailles ou d’enveloppes offeufes, qui ne laiflent paffer  
 la  tranfpiration  que  dans  un  petit  nombre  de  points  :  
 ayant  d’ailleurs  le  fàng  plus  froid,  ils  perdent  moins  
 de  leur fubftance,  &   par  conféquent  ils doivent  moins  
 la  réparer.  Animés  par  une  moindre  chaleur,  ils  n é- 
 (r .) Voyez  les  articles  particuliers  de  leur  hiftoke.