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 ne  fera  pas  étonné  de  l’extrême  différence  qu’il  y  
 a  entre  les  habitudes  naturelles  du  Caméléon  &   
 celles  de  plufieurs  lézards.  Les  pieds  du  Caméléon  ne  
 pouvant  guère  lui  fervir  de  rame,  ce  n’eft  pas  dans  
 l’eau  qu’il  fe. plaît,  mais  les  deux  paquets  de  doigts  
 alongés  qu’ils  préfentent  font  placés  de  maniéré  à  
 pouvoir  faifir  aifément  les  branches  fur  lefquels  il  
 aime  à  fe  percher  :  il  peut  empoigner  ces  rameaux,  
 en tenant un paquet de doigts devant &  l’autre derrière,  
 ffe  même  que  les pics,  les  coucous,  les  perroquets, &   
 d’autres  oifeaux,  faififfent  les  branches  qui  les  fou-  
 tiennent,  en  mettant  deux  doigts  devant  &   deux  
 derrière.  Ces  deux  paquets  de  doigts ,  placés  comme  
 nous venons de  le  dire, ne fourniffent  pas  au Caméléon  
 un  point  d’appui  bien  ftable  lorfqu’il  marche  fur  la  
 terre  :  c’eft  ce  qui  lait  qu’il  habite  de  préférence  fur  
 les  arbres,  où  il  a  d’autant  plus  de  facilité  à  grimper  
 &   à  fe  tenir, que  fa  queue  eft  longue  &   douée  dune  
 affez  grande  force.  Il  la  replie,  ainfi  que  les  fapajous;  
 il  en  entoure  les petites branches,  &   s’en  fert comme  
 d’une  cinquième  main  pour  s’empêcher  de  tomber,  
 ou  paffer  avec  facilité  d’un  endroit  à  un  autre  (0 - 
 ( i ) .«   Les haies  qui  font  des  jardinages  auprès  du  Caire,  font  en  
 „tous  lieux  couvertes  de  Caméléons,  &  principalement  le  long  des 
 „rivages  du  NU,  en  forte  qùen  peu  de  tems  nous  en  vîmes  grau 
 d e s   Q u a d r u p è d e s   o v i p a r e s .  347  
 Bélon  prétend  que  les  Caméléons  fe  tiennent  ainfi  
 perchés  fur  les  haies  pour  échapper  aux  vipères  &   
 aux  céraftes  qui  les  avalent  tout  entiers,  lorfqu’ils  
 peuvent  les  atteindre.  Mais  ils  ne  peuvent  pas  fe  dérober  
 de  même  à  la  mangoufte  ,  &   aux  oifeaux  de  
 proie  qui  les  recherchent. 
 Voilà  donc  le  Caméléon,  que  l’on  peut  regarder  
 comme  l’analogue  du  fapajou, dans  les  Quadrupèdes  
 ovipares.  Mais  fi  fa  conformation  lui  donne  une  habitation  
 femblable  à  celle  de  ce  léger  animal,  s’il  
 paffe  dé  même  fa  vie  au  milieu  des  forêts  &   fur  
 les  fommets des  arbres,  il  n’en  a  ni  l’élégante  agilité,  
 ni  l’aélivité  pétulante.  On  ne  le  voit  pas  s’élancer  
 comme  un  trait  de  branche  en  branche,  &   imiter,  
 par  la  vîteffe  de  fa  courfe  &   la  grandeur  de  fes  
 fauts,  la  rapidité  du vol  des oifeaux: mais  c’eft  toujours  
 avec  lenteur  qu’il  va  d’un  rameau  à  un  autre  ;  &   il  
 eft  plutôt  dans  les  bois  en  embufcade  fous, les  feuilles  
 pour  retenir  les  infectes  ailés  qui  peuvent  tomber  fur  
 fa  langue  gluante,  qu’en  mouvement  de  çhaffe  pour  
 aller  les  furprendre  (k). 
 nombre :  car  les  vipères  &  les  céraftes..les. avalent  entiers, quand  ellesr«  
 les  peuvent  prendre.  »   Bélon ,  obfervations ,  &e.  Livre  IL   >  Chapitre  
 x x x i v - 
 ( k)  Hafl'elquift  a  trouvé,  dans  l’eftomac  dun  Caméléon  ,  des  reftes 
 X x   ij