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 ferve  au  Cabinet  du  Roi  un  très-petit  lézard  vert  qui  
 a  deux  têtes  &   deux  cous  bien  diftinéls  (b). 
 L ’enveloppe  des  oeufs des Quadrupèdes ovipares n’eft  
 pas  la  même  dans  toutes  les  efpèces ;  dans  prefque  
 toutes, &   particulièrement  dans  plufieurs  tortues,  elle  
 eft  fouple  ,  molle  ,  &   femblable  à  du  parchemin  
 mouillé ; mais,  dans  les  crocodiles  &.  dans  quelques  
 grands  lézards,  elle  eft  d’une  fubftance  dure  &   crétacée  
 comme les  oeufs  des  oifeaux,  plus mince  cependant  
 ,  &   par  conféquent  plus  fragile. 
 Les oeufs des Quadrupèdes ovipares ne font donc  pas  
 couvés par la  femelle.  L ’ardeur du foleil  de  l'atmosphère  
 les  fait  éclore ,  <5t  l’on  doit remarquer que tandis  
 que  ces  Quadrupèdes  ont  befoin  pour  fübfifter  d’une  
 plus  grande  chaleur que  les oifeaux,  leurs  oeufs  cependant  
 éclofent  à  une  température  plus froide  que  ceux  
 de  ces derniers animaux. Il fomble que les machines animales  
 les  plus  compofées, &   par  exemple  celle des  oifeaux  
 , ne  peuvent  être  mifos  en  mouvement  que  par  
 une chaleur  extérieure très-açliye ; mais que., lorfqu’elles  
 jouent,  les  frottemens  de  leurs  diverfes  parties;  pro-  
 duifent une  chaleur  interne,  qui rend  celle  de  l’atmof- 
 (b )  Il  a  été  -envoyé  par M.  le- Duc  de  la  Rocbefojucault,  qui  ne  
 ceflé  de  donner  des  preuves  de  fes  lumières  &  de  fou, zèle  pour  l’avancement  
 des  fciences. 
 d e s ' Q u a d r u p è d e s   o v i p a r e s .  3 c>  
 phère  moins  hëceflaire  pour  la  confervation  de  leur  
 mouvement. 
 Les  petits  des  Quadrupèdes  ovipares ne connoiffent  
 donc  jamais  leur  mère;  ils  n’en  reçoivent  jamais  ni  
 nourriture,  ni  foins,  ni  fecours,  ni  ‘éducation;  ils  ne  
 voient  ils  n’entendent  rien  qu’ils  puiffent  imiter;  le  
 befoin ne leur arrache pas long-tems des cris, qui n’étant  
 point  entendus  de  leur  mère,  fe  perdroient  dans  lés  
 airs,  &   ne  leur  procureraient  ni  afliftance  ni  nourriture; 
  jamais  la tëndreffe ne répond  à ces  cris ; &  jamais  
 il  né  s’établit  parmi  les Quadrupèdes Ovipares ce commencement  
 d’une  forte  de  langage  li  bien  fenti  dans  
 plufieurs  autres  animaux;  ils  font  dope  privés  du  plus  
 grand moyen  dë s’avertir de  leurs  différentes fenfations,  
 &  d’exercer une fenfibilité qui aurait pu s’accroître  par  
 unë  plus  grande  communication  de  leurs  affeélîohs  
 mutuelles. 
 Mais  fi  leur fenfibilité ne peut  être augmentée,  leur  
 naturel  eft  fouveht  modifié ? On  eft  parvenu  à  appri-  
 voifer  les crocodiles, qui  cependant font les plus grands,  
 les  plus  forts,  &   les  plus  dangereux  de  ceS  animaux ;  
 &  à l’égard des petits Quadrupèdes ovipares,  la plupart  
 cherchent  une  retraite  autour  de  nos habitations ; certains  
 de  ces  animaux  partagent  même  nos  demeures ,  
 où  ils  trouvent  en  plus  grande  abondance  les  infectes  
 dont  ils font  leur proie ;  &  tandis que nous recherchons  
 les  uns,  tels  que  les  petites  efpèces  de  tortues,  tandis