Être peu favorifés à certains égards, ils font cependant
tóen fupérieurs à de grands ordres d’animaux ; & nous
devons les confidérer avec d’autant plus dattention,
crue leur nature, pour ainfi dire, mi-partie entre celle
des plus hautes & des plus baffes claffes des êtres vtvans
& organisés v montre les relations d’un grand nombre
4e faits impôrtans qui ne paroiffoient pas analogues ,
& dont on pourra entrevoir la caufe, par cela feul
qu’on rapprochera ces faits , & qu’on découvrira les
rapports- qui les lient.
Le féjour de tous ces Quadrupèdes n’eft pas fixe an
milieu des eaux. Plufieurs de ces animaux préfèrent les
îerreins fecs & élevés; d’autres habitent dans des creux
de rochers; ceux-ci vivent an milieu des bois & grimpent
avec vîteffe jufqu’à l’extrémité des branches les
plus hautes : mais prefque tous nagent & plongent avec
facilité, & c’eft en partie ce qui les a fait comprendre
par plufieurs Naturaliftes fous la dénomination générale
4’amphibies. Il n’eft cependant aucun de ees Quadrupèdes
qui n’ait befoin de venir de tems en teins a la
furface de l’eau, dans laquelle il aime à fe tenir plonge.
Tous les animaux qui ont du fang doivent refpirer l’air de
l’atmofphère , & fi les portions peuvent demeurer très-
-long-tems au fond des mers & des rivières, c eft qu ils ont
un organe particulier qui fépare de l’eau tout l’air qu elle
peut contenir, & le fait parvenir jufques à leurs vaiffeaux
fanguins. Les Quadrupèdes ovipres font donc forcés de
d e s Q u a d r u p è d e s o v i p a r e s . i ç
réfpirer de tems en tems ; l’air pénètre ainfi jufquesdanj
leurs poumons ; il parvient jufqu’à leur fang ; il le revivifie f
quoique moins fréquemment que celui des Quadrupèdes
vivipares, ainfi que nous l’avons dit ; il diminue la trop
grande épaiffeur de ce fluide & entretient fa circulation.
Les Quadrupèdes ovipares périffent donc faute
d’âir, lorfqu’ils demeurent trop de tems foüs l’eau; ce
n’eft que dans leur état de torpeur qu’ils paroiffent pouvoir
fe paffer pendant très-long-tems de refpirer, une grande
fluidité n’étant pas néceffaire pour le foible mouvement
que leur fang doit conferver pendant leur engourdiffe-
ment.
Les Quadrupèdes ovipares, moins fenfibles que les
autres, moins animés par des paffrons vives, moins
agités au-dedans, moins agiffans à l’extérieur , font en
général beaucoup plus à l’abri des dangers ; ils s’y ex—
pofent moins, parce qu’ils ont moins d’appétits violens;
& d’ailleurs les aceidens font pour eux moins à craindre.
Ils peuvent être privés de parties affez confidérables,
telles que leur queue & leurs pattes, fans cependant
perdre la vie (o) ; quelques-uns d’eux les recou-
(o) P lin e, Livre I I , Chap. I I I .—Voyez auffi l'article des Salamandres
à queue plate.
L ’on conferve au Cabinet du Roi un grand lézard, de l’efpèce appellee
Dragonne, auquelilmanque une patte; il paroît qu’il l’avoit perdue
par quelqu’accident, lorfqu’il étoit déjà - affez gros; ear la cicatrice
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