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 de  la  membrane  frangée  qui  règne  de  chaque  côté  
 de  fion  corps,  qu’on  ne  peut  l’en  féparer  qu’avec  un  
 rafoir.  M.  Bruyères  n’a  rien  vu  de  femblable;  il  af-  
 fure que  les lézards à tête-plate ne font point venimeux;  
 il  en  à  fouvent  pris  à  la  main  ;  dis  lui  ferroient  les  
 doigts  avec  leurs  mâchoires,,  fans  que  jamais  il  lui  
 foit  furvenu  aucun  accident.  Il  eft  tenté  de  croire  
 que  la  peur  que  cet  animal  infpire  aux  Nègres ,  vient  
 de  ce  que  le  lézard  ne  fuit  point  à  leur  approche  ,  
 &   qu’au  contraire  il  va  toujours  au-devant  deux  la  
 gueule  béante  ,  quelque  bruit  que  l’on  faiTe  pour  le  
 détourner;  c’eft  ce  qui. l’a  fait  nommer  par  des  matelots  
 français  le  Sourd ;  nom  que  1 on  a  donne  auffi  
 dans  quelques  Provinces  de  France  a  la  falamandre  
 terreftre.  Ce  lézard  vit  ordinairement  fur  les  arbres ,  
 ainfi  que  le  caméléon  ;  il  s’y  retire  dans  des  trous ,  
 d’où il ne fort  que la  nuit,  & ,   dans  les tems  pluviçux 1  
 on  le  voit  alors  fauter  de  branche  en  branche  avec  
 agilité ;  fa  queue  lui  fert- à fe  foutenir,  quoique  courte;  
 il  la  replie  autour  des  petits  rameaux ;  s’il  tombe  à  
 terre  ,  il  ne  peut  plus  s’élancer ;  il  fe  traîne  jufqu’à  
 l’arbre  qui  eft  le  plus  à  fa  portée ;  il  y  grimpe  ,  &   
 y   recommence  à  fauter  de  branché  en  branche.  Il 
 ( c ) Le  nom de  Famocantrata que  l’on a  donne à ce  lézard  dans  
 rifle de Madagafcar, lignifie  qui faute à  la  poitrine• 
 d e s   Q u a d r u p è d e s   o v i p a r e s .  4 31  
 mur ch e  avec  peine,  ainfi  que  le  caméléon;  &   ce  
 qui  nous  paroît  devoir  ajouter  à  la  difficulté  avec  
 laquelle  il  fe  meut  quand  il  eft  à  terre  ,  : e’eft  que  
 fes  pattes  de  devant  font  plus  courtes  que  celles  de  
 derrière,  ainfi  que  dans'les  autres  lézards ,,  &   que  
 cependant  fa  tête  forme  pardeftous  un  angle  avec  le  
 corps,  de  telle  forte  ,  qu’à  chaque  pas  qu’il  fait,  
 il  doit  donner  du  nez  contre  terre.  Cette  conformation  
 lui  eft  au  contraire  favorable  Iorfqu’il  s’élance  fur  
 les  arbres, fa tête pouvant  alors  fe trouver très-fouvent  
 dans  un  plan  horizontal.  Le  lézard  à  tête-plate  ne  
 fe  nourrit  que  d’infeéles  ;  il  a  prefque  toujours  la  
 gueule  ouverte  pour  les  faifir,  &   elle  eft  intérieurement  
 enduite  d’une  matière vifqueui'e, qui les  empêche  
 de  s’échapper. 
 Séba  a  donné  la  figure  d’un  lézard  qu’il  dit  fort  
 rare  ,  qui ,  fuivant  lui  ,  fe  trouve  en  Egypte  &   
 en  Arabie,  &   qui  doit  avoir  beaucoup  de  rapports  
 avec  notre  lézard  à  tête-plate :  mais  fi  la  defcription  
 &   le  deffin  en  font  exaéis,  ils  appartiennent  à  deux  
 efpèces  différentes.  On  s’en  convaincra  ,  en  comparant  
 la  defcription  que  nous  venons  de  donner,  avec  
 celle de Séba  ( d ) , En effet fon lézard a , comme le nôtre,,  
 les  doigts  garnis  de  membranes,  ainfi  que  les  deux: 
 (d) Sébay  vol.  z  j  planche zojj fi g. %.