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 qu’on  les  prendrait  de  loin  pour  une  meut*  de  chieiis  
 qui  aboient,  &   que,  dans  des  nuits  tranquilles, leurs  
 coafl'emens réunis font  quelquefois parvenus jufqu à plus  
 d’une  lieue,  fur-tout  lorfque  la  pluie  était  prête  à  
 tomber. 
 Les  Raines  s’accouplent  comme  les  grenouilles ;  on  
 apperçoit  le  mâle  &   la  femelle  defcendre  fouvent  
 au  fond  de  l’eau  pendant  leur  union,  &   y  demeurer  
 aifez  de  tems;  la  femelle  paraît  agitée  de mouvemens  
 convulfifs S fur-tout  lorfque  le  moment  de  la  ponte  
 approche ;  &  le mâle y répond  en  approchant plufieurs  
 fois  l’extrémité  de  ion  corps ,  de  manière  à  féconder  
 plus  aifément  les  oeufs  a  leur  fortie. 
 Quelquefois les femelles font délivrées,  en peu d heures  
 ,  de  tous  les  oeufs quelles doivent  pondre ; d’autres  
 fois  elles  ne  s’ en  débarraffent  que  dans  quarante-huit  
 heures,  &  même  quelquefois  plus  de  tems ; mais alors  
 il  arrive fouvent que  le mâle  laffe,  &  peut-etre  epuife  
 de  fatigue ,  perdant  fon  amour  avec  fes  defirs,  abandonne  
 fa  femelle,  qui  ne  pond  plus  que  des  oeufs  
 ftériles. 
 La   couleur  des  Raines  varie  apres  leur  accouplement  
 I elle  eft  d’abord  rouife  &   devient  griiatre  
 tachetée  de  roux ;  elle  eft  enfuite  bleue  ,  &.  enfin  
 verte. 
 Ce  n’eft  ordinairement  qu’après  deux mois, que  les  
 jeunes Raines  ont  la  forme  quelles  doivent  conferver 
 Ï>ES  QüAÛEVPknES   OVIPARES, 
 toute  leur vie ;  mais,  dès  quelles  ont  atteint  leur  développement  
 &   quelles peuvent  fauter &  bondir  avec  
 facilité,  elles  quittent  les  eaux  &.  gagnent  les  bois. 
 On  fait  vivre  aiiément  la  Raine  verte  dans  les  
 maifons,  en  lui  fourniffant  une  température  &   unè  
 nourriture  convenables.  Comme  fa  couleur  varie  très-  
 fouvent,  fuivant  l’âge,  la  faifon &  le  climat, &   comme  
 lorfque  l’animal  eft  mort,  le  vert  du  deffus  de  fon  
 corps  fe  change  fouvent  en  bleu, nous  préfumons  que  
 l’on doit  regarder  comme  une  variété  de  cette  Raine,  
 celle  que  M.  Boddaert  a  décrite  fous  le  nom  de  grenouille  
 à  deux  couleurs  (b ).  Cette  dernière  Raine  
 faifoit  partie  de  la  colleétion  de M.  Schloffer,  &  avoit  
 été  apportée  de Guinée ;  fes  pieds n’étaient  pas palmés.  
 Ses  doigts étoient  garnis de pelottes  vifqueufes ;  elle  en  
 . avoit  quatre  aux  pieds  de  devant  &   cinq  aux  pieds  
 de  derrière.  La  couleur  du  deffus  de  fon  corps  étoit  
 bleue,  ôt  le  jaune  régnoit  fur  tout  le  deffous.  Le  
 mufeau  étoit  un  peu  avancé ;  la  tête  plus  large  que  
 le  corps,  &   la  lèvre  fupérieure  un  peu  fendue. 
 On  rencontre  la  Raine  verte  en  Europe  ( c )   ,  en 
 (b)  Rana  bicoloris,  Pétri  Boddaert3  epifl.^dt  Rana bicolore.  E x  
 mufio Joan. Alb.  Schloffer,  Amjl.,  ijlt -- 
 (  c  )  Elle  eft  très-commune  en  Sardaigne.  Eiftoirc  naturelle  des  
 amphibies &  des poiffons  de  la  Sardaigne,  par M,  Francois  4-etti *  
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