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 entretient  à  fon  tour ;  peut-être  au  contraire cette  foi-  
 bleffe  de  leurs fens  eft-elle un  effet  du  peu  de  chaleur  
 qui  anime  ces  animaux  :  quoi  qu’il  en  foit,  leur  fang  
 eft  moins  chaud  que  celui  des  vivipares :  on  n’a  pas  
 escore  fa it,  à  la  vérité,  d’obfervations  exaétes  fur  la  
 chaleur naturelle  des  crocodiles,  des  grandes  tortues,  
 &   des  autres  Quadrupèdes  ovipares  des pays  éloignés;  
 le  degré  de  cette  chaleur  doit d’ailleurs varier  fuivant  
 les  efpèces, puifqu’elles fubfîftent à différentes latitudes;  
 mais  on  eft  bien  affuré  qu’elle  eft  dans  tous  les  Qua-  
 pèdes  ovipares  inférieure de beaucoup à celle des autres  
 Quadrupèdes, &  fur-tout à celle  des oifeaux;  fans  cela  
 ils  ne  tomberaient  point  dans  un  état  de torpeur  à  ua  
 degré  de  froid  qui  n’engourdit  ni  les  oifeaux,  ni  les  
 vivipares.  Leur  fang  eft  d’ailleurs  bien  moins  abondant  
 (h). Il peut  circuler long-tems fans  paffer  par  les  
 poumons, puifqu on a vu une tortue vivre pendant quatre 
 (h)  Haffelquift,  qui  a  difféqué  un  crocodile  au  Caire  en-  1751  j  
 rapporte  que  le  fang fleuri  &   appauvri,   ne  coula  pas  en  grande  quantité  
 de la grande  artère,  lorfquelle  fut  coupée.  D’ailleurs,  continue  ce  
 Voyageur  naturalifte,  «  les  vaiffeaux  des  poumons,  ceux  des  mufcles ;   
 «j  &   les  autres  vaiffeaux  étaient  prefque  vides  de  fang.  La  quantité  de  
 13  ce  fluide  n’eft  donc  pas  en  proportion  suffi  grande  dans  le  croco-  
 »   dile,  que  dans  les Quadrupèdes  :  il  en  eft  de  même  dans  tous  les  
 j i   Amphibies, n   ( Haffeiquift  comprend  tous  les  Quadrupèdes  ovipares  
 fous  cette  dénomination. )  Voyage  en  Palejiine  de  Frédéric Hajfelpiifi  
 de  t  Académie  des  Sciences  de  Stockolm, p .  346, 
 d e s   Q u a d r u p è d e s   o v i p a r e s .  13  
 jours,  quoique  fe s  poumons  fuflènt  ouverts  &   coupés  
 en  plufieurs  endroits,  &   qu’on  eût  lié  l’artère  qui  va  
 du . coeur  à  cet  organe.  Ces  poumons  paroiffent  d ailleurs  
 ne  recevoir jamais  d autre  fang  que  celui  qui  eft  
 néceffaire  à  leur  nourriture  (i).  Auffi  celui  des  Quadrupèdes  
 ovipares  étant  moins  fouvent  animé, renou-  
 vellé  revivifié,  pour  ainfi  dire ,  par  l’air  atmofphérique  
 qm  Pénètre  dans  les Poumons >il  eft  Plus  éPais»  
 il  ne  reçoit  &   ne  communique  que  des  mouvemens  
 plus  lents I &   fouvent  prefque  infenfibles ;  &   il  y  a  
 long-tems  qu’on  a  reconnu  que  le  fang  ne  coulé  pas  
 auffi  vite  dans  certains Quadrupèdes  ovipares,  &   par  
 exemple  dans les  grenouilles, que dans les autres Quadrupèdes  
 &   dans  les  oifeaux.  Les  caufes  internés  fe  
 réunifient  donc  aux  caufes  externes  pour  diminuer  
 l’aélivité  intérieure  des  Quadrupèdes  ovipares. 
 Si  l’on  confidère  d’ailleurs  leur  charpente  offeufe,  
 on  verra  qu’elle  eft  plus  fimple  que  celle  des  vivipares; 
   plufieurs  familles  de  ces  animaux,  tels  que  la  
 plupart  des  falamandres,  les  grenouilles, les  crapauds  
 &   les  raines,  font  dépourvues  de  cotes ;  les  tortues  
 ont, à  la  vérité, huit vertèbres  du  cou ;  mais,  excepte  
 les  crocodiles  qui  en  ont  fept, prefque tous les lézards  
 ïi’en  ont  jamais  au-deffus  de  quatre,  &.  tous  les  Qua- 
 ( i )  Mémoires  pour Jervir à îïdijloire naturelle  des  animaux>art*  de  
 la  Tortue  de  Coromandel.