12 H i s t o i r e Ï Ja t v r e z z e
entretient à fon tour ; peut-être au contraire cette foi-
bleffe de leurs fens eft-elle un effet du peu de chaleur
qui anime ces animaux : quoi qu’il en foit, leur fang
eft moins chaud que celui des vivipares : on n’a pas
escore fa it, à la vérité, d’obfervations exaétes fur la
chaleur naturelle des crocodiles, des grandes tortues,
& des autres Quadrupèdes ovipares des pays éloignés;
le degré de cette chaleur doit d’ailleurs varier fuivant
les efpèces, puifqu’elles fubfîftent à différentes latitudes;
mais on eft bien affuré qu’elle eft dans tous les Qua-
pèdes ovipares inférieure de beaucoup à celle des autres
Quadrupèdes, & fur-tout à celle des oifeaux; fans cela
ils ne tomberaient point dans un état de torpeur à ua
degré de froid qui n’engourdit ni les oifeaux, ni les
vivipares. Leur fang eft d’ailleurs bien moins abondant
(h). Il peut circuler long-tems fans paffer par les
poumons, puifqu on a vu une tortue vivre pendant quatre
(h) Haffelquift, qui a difféqué un crocodile au Caire en- 1751 j
rapporte que le fang fleuri & appauvri, ne coula pas en grande quantité
de la grande artère, lorfquelle fut coupée. D’ailleurs, continue ce
Voyageur naturalifte, « les vaiffeaux des poumons, ceux des mufcles ;
«j & les autres vaiffeaux étaient prefque vides de fang. La quantité de
13 ce fluide n’eft donc pas en proportion suffi grande dans le croco-
» dile, que dans les Quadrupèdes : il en eft de même dans tous les
j i Amphibies, n ( Haffeiquift comprend tous les Quadrupèdes ovipares
fous cette dénomination. ) Voyage en Palejiine de Frédéric Hajfelpiifi
de t Académie des Sciences de Stockolm, p . 346,
d e s Q u a d r u p è d e s o v i p a r e s . 13
jours, quoique fe s poumons fuflènt ouverts & coupés
en plufieurs endroits, & qu’on eût lié l’artère qui va
du . coeur à cet organe. Ces poumons paroiffent d ailleurs
ne recevoir jamais d autre fang que celui qui eft
néceffaire à leur nourriture (i). Auffi celui des Quadrupèdes
ovipares étant moins fouvent animé, renou-
vellé revivifié, pour ainfi dire , par l’air atmofphérique
qm Pénètre dans les Poumons >il eft Plus éPais»
il ne reçoit & ne communique que des mouvemens
plus lents I & fouvent prefque infenfibles ; & il y a
long-tems qu’on a reconnu que le fang ne coulé pas
auffi vite dans certains Quadrupèdes ovipares, & par
exemple dans les grenouilles, que dans les autres Quadrupèdes
& dans les oifeaux. Les caufes internés fe
réunifient donc aux caufes externes pour diminuer
l’aélivité intérieure des Quadrupèdes ovipares.
Si l’on confidère d’ailleurs leur charpente offeufe,
on verra qu’elle eft plus fimple que celle des vivipares;
plufieurs familles de ces animaux, tels que la
plupart des falamandres, les grenouilles, les crapauds
& les raines, font dépourvues de cotes ; les tortues
ont, à la vérité, huit vertèbres du cou ; mais, excepte
les crocodiles qui en ont fept, prefque tous les lézards
ïi’en ont jamais au-deffus de quatre, &. tous les Qua-
( i ) Mémoires pour Jervir à îïdijloire naturelle des animaux>art* de
la Tortue de Coromandel.