Les Quadrupèdes ovipares'font fouvent réunis en
grandes troupes ; l’on ne doit cependant pas dire qu’ils
forment une vraie fociété. Qu’eft-ce en effet qui réfulte
de leur attroupement? aucun ouvrage, aucune chaffe,
•aucune guerre, qui paroiffent concertés. Ils ne conftrui-
fent jamais d’afyle ; & , lorfqu’ils en choiiiffent fur des
rivages, dans des rochers, dans le creux des arbres, &c.
ce n’eft point une habitation commode qu’ils préparent
pour un certain nombre d’individus réunis, & qu’ils
tâchent d’approprier à leurs différens befoins; maie c’eft
une retraite purement individuelle, .où ils ne veulent,
que fe cacher, à laquelle ils ne changent rien, & qu’ils
adoptent également, foit qu’elle ne fuffife que pour un
feul animal, ou foit quelle ait affez d’étendue pour receler
plufieurs de ces Quadrupèdes.
Si quelques-uns ch'affent ou pêchent enfemble, c’eft
qu’ils font également attirés par le même appât; s’ils
attaquent à-Ia-fois, c’eft parce qu’ils ont la même proie
à leur portée ; s’ils fe défendent en commun, c’eft parce
qu’ils font attaqués en même-tems; & li quelqu’un
d’eux a jamais pu fauver la troupe entière, en l’avertif
fant par fes cris de quelqu’embûche, ce n’eft point I
comme on l’a dit des linges & de quelques autres Quadrupèdes,
parce qu’ils avoient été, pour ainlî dire,
chargés du foin de veiller à la sûreté commune , mais
feulement par un effet de la Crainte que l’on retrouve
dans prefque tous les animaux, & qui les rend
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fans ceffe attentifs à leur confervation individuelle.
Quoique les Quadrupèdes ovipares paroiffent moins
fenhbles que les autres Quadrupèdes, ils n’en éprouvent
pas moins, au retour duprintems, le fentiment impérieux
de l’amour, qui, dans la plupart des animaux,
donne tant de force aux plus foibles , tant d’aélivité aux
plus lents, tant de courage aux plus lâches. Malgré le
filence habituel de plufieurs de ces Quadrupèdes, ils
Ont prefque tous des fons particuliers pour exprimer
leurs defirs. Le mâle appelle fa femelle par un cri ex-
preflif, auquel elle répond par un accent femblable.
L ’amour n’eft peut-être pour eux qu’une flamme légère
, qu’ils ne reffentent jamais très-vivement, comme
fi les humeurs, dont leur corps abonde, les garantiffoient
de cette chaleur intérieure & produélrice, qu’on a comparée
avec plus de raifon qu’on ne le penfe à un véritable
feu, & qui eft de même amortie ou tempérée
par tout ce qui tient au froid; élément de l’ eau. Il femble
cependant que. la Nature a voulu fuppléer dans le plus
grand nombre de ces. Quadrupèdes, à flaéb'vité intérieure
qui leur manque, par une conformation* des plus
propres aux jouiffances de l’amour. Les parties fexuelles
des mâles font toujours renfermées dans l’intérieur de
leur corps jufqu’au moment où ils s’accouplent avec leurs
femelles la chaleur interne, qui ne ceffe de péné-
( £ ) C’eft par l’anus que les mâles des lézards & des tortues, font
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