
 
        
         
		la  tortue  franche  fQ ; mais  il  n’y  en  a  jamais  qu’un-  
 d’aigu  aux  pieds  de  derrière,  &   c’efl  un  caraélère  dif-  
 tinélif  de  cette  efpèce. 
 La  tête,  les pattes &   la  qu,eue, font  recouvertes  de  
 petites  écaillés-  comme  le  corps  des  lézards,  des  fer-  
 pens  &   des  poiffons ,  &   de  même  que  dans  ces  animaux, 
   ces  écailles  font  un  peu  plus*  grandes  fur  le  
 fommet  de  la  tête  que  fur  le  cou  &   fur  la  queue.  
 L ’on  a prétendu  que,  malgré  la  grandeur  des  tortues  
 franches,  leur  cerveau  n’étoit  pas-plus  gros  qu’une  
 fève  (k)-,  ce  qui  confirmerait  ce  que  nous  avons  dit  
 de  la  petitefle  du  cerveau  dans  les  Quadrupèdes  ovipares:' 
   La  bouche, fituée  au-deflbus  de  la  partie  antérieure  
 de  la  tête ,  s’ouvre  jufqu’au-delà  des  oreilles ;  
 les  mâchoires  ne  font  point  armées  de  dents,  mais  
 elles  font  très-dures  &   très-fortes ;  <3e  les  os  qui  les  
 compofent,  font  garnis  de  pointes  ou  d’afpérités.  C’eft  
 avec  ces  mâchoires  puiifantes  que  les  tortues  coupent  
 l’herbe  fur  les  tapis  verts  qui  revêtent  les  bas-fonds  
 de  certaines -  côtes  ,  &   quelles  peuvent  brifer-  des  
 pierres, &   éeràfer les coquillages  dont  elles fe  nourrif-  
 fent  quelquefois. 
 ( i ) Linn. amphib.  rept.  tejludo  mydas. 
 (k)  Voyez  les  Mémoires  pour  tèrvir  à  THiftoire  naturelle  des  animaux  
 ,  art.  de  la  tortue,  de  terre  de  Coromandel.. 
 Lorfque  les  tortues  ont  brouté  l’algue  au  fond  de  
 la  mer,  elles  vont  à  l’embouchure  des  grands  fleuves  
 chercher  l’eau  douce  dans  laquelle  elles paroiifent  fe  
 plaire, &   où  elles fe tiennent  paifiblement  la  tête hors  
 de  l’eau, pour  refpirer un  air  dont  la  fraîcheur  femble  
 leur  être  de  tems  en  tems  nécelïaire.  Mais  n’habitant  
 que  des  côtes dangereufes pour  elles,  à caufe du grand  
 nombre  d’ennemis qui  les  y  attendent, &  de chafleurs  
 qui  les'  y  pourfuivent,  ce  n’eft  qu’avec  précaution  
 quelles  goûtent, le.plaifir  d’humer  l’air  frais  &   de  fe  
 baigner  au  milieu  d’une  eau  douce  &   courante.  A   
 peine  apperçoivent-elles  l’ombre  de; quelque  objet  à  
 craindre,  quelles  plongent  &   vonf chercher  au  fond  
 de  la  mer  une  retraite  plus  sûre. 
 La  tortue  de  terre  a  de -tous  les  tems  paifé  pour  
 le  fymbole  de  la  lenteur ;  les tortues de mer devraient  
 être  regardées  comme l’emblème  de  la  prudence.  Cette  
 qualité,  qui,  dans  les  animaux, eft le  fruit  des dangers  
 qu’ils  ont  courus,  ne  doit  pas  étonner  dans:ces  tortues  
 ,  que  l’on • recherche  d’autant  plus,  qu’il  eft  peu  
 dangereux  de  les  chafter, &   très-utile  de  les  prendre.  
 Mais fi quelques'traits de  leur hiftoire paraiflent prouver  
 qu elles  ont  une  forte  de  fupériorité  d’inftinét,  le  plus  
 grand nombre  de  ces mêmes traits, ne montreront  dans  
 ces  grandes  tortues  de  mer. que  des propriétés  paflives,  
 plutôt  que  des  qualités  aétives.  Rencontrant une  nourriture  
 abondante  fur  les  côtes  qu’elles  fréquentent ,,fe'