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 Navigateurs  en  ont  cependant  mangé  fans  peine  (o)  
 &   l’ont trouvée  très-échaufFante :  on la  fale  aulfi quelquefois, 
   dit-on,  pour  l’ufage  des  Nègres  (p)  , tant on  
 s’eft  empreffé de faifir  toutes les reffources que  la  terre  
 &   la  mer  pouvoient  offrir,  pour  accroître  le  produit  
 des  travaux  de  ces  infortunés.  L’huile  qu’on  retire des  
 Caouanes  eit  fort  abondante ;  elle  ne  peut  être  employée  
 pour  les  alimens,  parce  qu’elle  fent  très-mauvais  
 5  mais  elle  eft  bonne à  brûler ;  elle  fèrt  auffi  à  
 préparer  les  cuirs,  &   à  enduire  les  vaiffeaux  quelle  
 préferve,  dit-on, des vers  peut-être à caufe  de  la mau-  
 vaife odeur  qu’elle  répand. 
 La   Caouane  n’eft  donc  point  fi  utile  que la  tortue  
 franche  :  auffi  a-t-elle  été  moins  pourfuivie,  a-t-elle  
 eu  moins  d’ennemis à  eraindre,  &   eft-elle  répandue  
 en  plus grand  nombre  fur  certaines  mers.  Naturellement  
 plus vigoureufe que les autres tortues,  elle  voyage  
 davantage :  on  l’a  rencontrée  à plus  de huit  cens  lieues  
 de  terre, ainfi que nous l’avons déjà rapporté. D’ailleurs,  
 fe  nourriflant  quelquefois  de  poiflons ,  elle  eft  moins  
 attachée  aux  côtes  où  croiffent  les  algues.  Elle  rompt 
 (o )  Brown, Hiß. nat.  de la Jamaïque , page 466. 
 ( p )  Nouveau  Voyage aux tfles de tAmérique,  Tome I , page yo8- 
 d e s   Q u a d r u p è d e s   o v i p a r e s .  loi   
 avec  facilité  de  grandes  coquilles,  de  grands  buccins,  
 pour  dévorer  l’animal  qui y  eft contenu ; & ,  fuivant  les  
 pêcheurs de  l’Amérique  feptentrionale,  on  trouve  fou-  
 vent  de  très-grands  coquillages,  à  demi-brifés  par  la  
 Caouane  (q). 
 Il  eft  quelquefois  dangereux  de  chercher à la prendre. 
  Lorfqu’on  s’approche d’elle pour la  retourner,  elle  
 £e  défend avec  fes  pattes  &   fa  gueule ;  &   il  eft  très-  
 difficile  de  lui  faire  lâcher  ce  qu’elle  a  faifi  avec  fes  
 mâchoires. Cette grande réfiftance quelle oppofe à  ceux  
 qui  veulent  la  prendre,  lui  a  fait  attribuer  une  forte  
 de  méchanceté :  on  lui  a  reproché,  pour  ainfi  direI  
 une  jufte  défenfe :  on  a  condamné  l’ufage  qu’elle  fait  
 de  fes  armes  pour  fauver  fa  vie  :  mais  ce  n’eft  pas  
 la  première  fois  que  le  plus  fort  a  fait  un  crime  au  
 plus  foible  de  ce  qui  a  retardé  fes  jouiffances  ou  mêlé  
 quelques  dangers à  fa  pourffiite, 
 Suivant  Catefby, on  a donné  le nom  de  Coffre à une  
 tortue  marine  affez  rare ,  qui  devient  extrêmement  
 grande,  qui  eft  étroite,  mais  fort  épaiffe,  &   dont  la  
 couverture  fupérieure,  eft  beaucoup plus  convexe que  
 celle  des  autres tortues marines  fr^ .C ’eft certainement 
 (.q)  Cateßry,  Vol. I I , page  40. 
 ( r )   Teftudo  arcuata,  tçutue  appdlée  coffre.  Catefiy,  Volume  I I ,  
 page  40.