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 nous venons  dè parler,  ne  font  pas  les  feuls  qu’il  prë-  
 fentè  :  fa  langue  ,  dont  on  a  comparé  la-forme  à  
 celle  d’un  ver  de  terre,  eft  ronde*,  longue  communément  
 de  cinq  ou  fix  pouces, terminée par une  forte  
 de  gros  noeud,  c'reufe  ,  attachée à  une  efpèce  de ftilèt  
 cartilagineux  qui  entre  dans  fa  cavité,  &   fur  lequel  
 l ’animal  peut  la  retirer  ,  &   enduite  d’une  forte  de  
 vernis  vifqueux  qui  fert  au  Caméléon  à  retenir  les  
 mouches,  les  fcarabées,  les  fauterelles,  les  fourmis,  
 &   les  autres  infectes  dont  il  fe  nourrit,  &   qui  ne  
 peuvent  lui  échapper,  tant  il  la  darde  &   la  retire  
 avec  viteffe  ( g ) . 
 L e   Caméléon  eft  plus  élevé*  fur  fes  jambes  que  le  
 plus  grand  nombre  des  lézards ;  il  a  moins  1 air  de  
 ramper  Jorfqu’il  marche  |  Àriftote  <3c  Pline  l’avoient  
 remarqué.  Il a , à chaque  pied,  cinq  doigts  très-longs,  
 prefque  égaux  &   garnis  d ongles  forts &   crochus 3 mais  
 lâ  peau  des  jambes  s’étend  jufqu’au  bout  des  doigts, 
 (g)  P   Quand  les  Caméléons  veulent  manger,  ils  tirent  leur  langue  
 »longue  ,  quafi  d’un  demi-pied,  ronde  comme  la  langue  d’un  oifeau,  
 »nommé  pcivert, femblablé  à un  ver  de  terres  & à   lextremit- dicelîe  
 von t un gros noeud fpongieux , tenant  çorame  glu ,  duquel  il$  attache: t  
 »les  infeétes  favoir  eft  fauterelles,  chenilles  &  mouches, &  les  attirant  
 » en  la  gueule.  Ils  pouffent  hors  leurs  langues,  les  dardant  de  roideur  
 îiuffi  vîtement  qu’une  arbalète  ou  un  atc  fait  le  traifh  »   Bélon ,   obfer-  
 y avions,  £v. Livre  I I ,   Chapitre  x x x i v * 
 & 
 d e s   Q u a  d r v  p è  d e  s   o v i p a r e s .  3 4 5   
 &   lès  réunit  d’une  manière qui  eft  encore  particulière  
 à  ce  lézard.  Non -  feulement  cette  peau  attache  les  
 doigts  les  uns  aux  autres,  mais  elle les  enveloppe, &   
 en  forme  comme  deux  paquets,  l’un  de  trois  doigts,  
 &   l’autre  de  deux  :  &  il y a  cette différence  entre  les  
 pieds  de  devant  &   ceux  de  derrière,  que,  dans  les  
 premiers,  le  paquet  extérieur eft celui qui ne  contient  
 que  deux  doigts,  tandis  que  c’eft  l’oppofé  dans  les  
 pieds  de  derrière  (h). 
 Nous  avons  vu  à  l’article  de  la  dragonne  combien  
 une  membrane  de  moins  entre  les  doigts,  influoit  fur  
 les moeurs  de  ce  lézard,  & ,  en  lui  donnant  la  facilité  
 de  grimper  fur  les  arbres,  rendoit  fes  habitudes  différentes  
 de  celles  du  crocodile, qui  a  les  pieds  palmés.  
 Nous avons obfervé en général,  qu’un léger changement  
 (dans la  conformation  des pieds  devroit produire  de très—  
 Grandes  diffemblances  entre  les moeurs  des  divers Quadrupèdes. 
   Si  l’on  confidère,  d’après  cela,  les  pieds  du  
 (Caméléon réunis d’une manière particulière,  recouverts  
 par  une  continuation  de  la peau des jambes,  &   divifés  
 en  deux  paquets  ,  ou  les  doigts  font  rapprochés  & 
 (h)  Quelques  Auteurs  ont  écrit  qu’il y  avoit  des  efpèces  de  Caméléon  
 ,  dont  les  cinq  doigts de  chaque  pied  étoient  féparés  les  uns  
 des  autres;  ils  auront  certainement  pris  pour  des  Caméléons  d’autres  
 ezards, & ,   par  exemple,  des  tapayes  dont  la  tête  reffemble  en  effet  
 un  peu  à  celle  du  Caméléon. 
 Ovipares ,  Tome I. X x