Cet aliment précieux lui eft fourni par les tortues
franches ; & elles lui font d’autant plus utiles qu elles
habitent fur-tout ces Contrées ardentes, où une chaleur
plus vive accélère le développement de tous les
germes de corruption. On les rencontre en effet en
très-grand nombre, fur les côtes des Ifles & des Con-
tinens fitués fous la zone torride , tant dans l’ancien
que d ans le nouveau monde ; les bas-fonds qui bordent
ces Mes & ces Continens, font revêtus d’une grande
quantité d’algues ( c ) & d’autres plante? que la mer
couvre de fes ondes', mais qui font affez près- de la
furface des eaux pour qu’on puiffe les diftinguer far
cilement lorfque le tems eft calme. C’eft fur ces ef-
pèces de prairies que l’on voit les tortues franches fe
promener paifiblement. Elles fe nourriffent de 1 herbe
de ces pâturages (d). Elles ont quelquefois fix ou fept
pieds de longueur, à compter depuis le bout dq mu-
( c) Marc Catejby, Hifloire naturelle de la Caroline, de la Floride,
& des Ifles de Bahama, revue par M. Edwards. Londres, I J 54?
a vol. page p8.
(d) et Dans ces grandes herbes, qui fe nomment Jargaflès , & qui
jj paroiflent en divers endroits fur la furface dé la mer , mais dopt le
j» grand nombre eft au fond de l’eau & fur les côtes, on trouve entre
jj plufieurs autres efpèces d’animaux marins, une prodjgieufe quantité
jj de tortues, jj
Defcription de l’Ifle EJpagnole ; F fl. générale des voyages , partie g,
livre 5.
feaq
feau jufqua-l’extrémité de la queue, fur trois ou
quatre de largeur & quatre*pieds ou environ d’épaiff
feur ,• dans l’endroit le plus, gros du corps; elles pèfent
alors près de 80 0 livres; elles font en li grand nombre
qu’on ferait tenté de les. regarder comme une elpèce
de troupeau raffemblé. à deffein pour la nourriture &
le foulagement des Navigateurs qui abordent auprès de
ces bas-forids : & les troupeaux marins qu’elles forment
le cèdent d’autant moins à ceux qui paillent l’herbe de
la furface sèche du globe, quils joignent à un goût exquis
& à une chair fucculente & fuhftantielle, une vertu
des plus aélives ,& des plus falutaires.
La tortue franche fe diftingue facilement des autres
par la forme de fa carapace. Cette couverture fupé—
fleure, qui a quelquefois quatre ou cinq pieds de long
fur trois ou quatre de largeur, eft ovale &. entourée
dün bord compofé de lames, dont les plus grandes
font les plus éloignées de la tête, & q u i, terminées
à 1 extérieur par des lignes courbes, font paroître ce
même bord comme ondé : le difque, ou le milieu de
cette couverture fupérieure, eft recouvert ordinairement
de quinze lames ou écailles, d’un roux plus ou
moins fombre ,* qui tombent fouvent ainfi que celles
de la bordure, par l’effet d’une grande defîîcation ou
de quelqn autre accident, & dont la forme & lé
nombre varient d ailleurs fuivant l’âge & peut - être
fuivant le fexe; nous nous en fommes affurés en exa-
Ovipares, Tome 1 H