car en,effet il paroît alors n’être qu’un fac dé peau,
dans lequel quelques os feroient renfermés ; & c’eft
fur-tout lorfqu’il fe retourne, qu’il a cette apparence,
; Mais il en êft de cette propriété de s’enfler & de
fe défeniler, comme de toutes les propriétés des animaux
, des végétaux & même de la matierè brute ;
aucune qualité n’a été, à la rigueur , accordée exclu-
iivement à une fubftance ; ce n’eft que faute d obfer-
yations que l’on a cru voir des animaux, des végétaux
ou des minéraux, préfenter des phénomènes que d’autres
n’offroient point. Quelque propriété qu on remarque
dans un être, on doit s attendre a la trouver dans
un autre, quoiqu’à la vérité, à un degré plus haut ou
plus bas ; toutes les qualités, tous les effets fe dégradent
ainfi par des nuances fucceffiyes, s’evanouiffent, ou fe
changent en qualités & en effets oppofés. Et pour ne
parler que de la propriété de fe gonfler, prefque tous les
Quadrupèdes ovipares, & particulièrement les grenouilles,
ont la faculté; de s’enfler & de fe défeniler à volonté;
mais aucun ne la poisède comme le Caméléon. M. Perrault
paroît penfer qu’elle dépend du. pouvoir qu a ce
lézard de faire fortir de fes poumons, l’air qu’il ref-
pire -, & de ,1e faire gliffer entre les mufples &. la
peau (s ). Cette propriété de filtrer ainfi l’air de l’at-
( s ) Mémoires pour fervir à IHiJIoire naturelle des animaux article, dts.
Caméléon , page po.
D E S QüADRV P È D E S O V I P A R E S . 3 5 5
mofphère au travers de fes poumons , & ce gonflement
de tout fon corps, que le Caméléon peut produire
à volonté, doivent le rendre beaucoup plus léger
, en ajoutant à fon volume , fans augmenter fa
maffe. Il peut plus facilement, par-là, s’élever fur les
arbres, & y grimper de branche en branche : & ce
pouvoir de faire paffer de l’air dans quelques parties
de fon corps, qui lui eft commun avec les oifeaux ,
ne doit pas avoir pteu contribué à déterminer fon féjour
au milieu des forêts. Les Caméléons gonflent aulfl leurs
poumons qui font compofés de plufieurs veficules, ainfi
que ceux d’autres Quadrupèdes ovipares. Cette conformation
explique les contradiélions des Auteurs qui
ont difféqué ces animaux, & qui leur ont attribue les
uns de petits & d’autres de grands poumons, comme
Pline & Bélon. Lorfque ces vifeères font flafques, plufieurs
véficules peuvent , échapper ou paroître, très-
petites aux Obfervateurs, &. elles- occupent au contraire
un fi grand efpace , Lorfqu elles font foufflees ,
qu elles couvrent prefque entièrement toutes les parties
intérieures (t).
Le battement du coeur du Caméléon efl fi foible,
que fouvent on ne peut le fentir en mettant la main
au-deffus de ce vifeère (u).
( t ) Ray j Synopfis Quadrupedum , page z8a.
{u) Mém. pour fervir à IHiß. net. des animaux * art. du Caméléon.
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