bivore; car elle mange des lenticules, ou lentilles d'eau,
qui flottent fur la furface des étangs qu’elle habite.
Un des faits qui méritent le plus d’être rapportés
dans l’hiftoire de la Salamandre à queue plate, eft
la manière dont fes petits fe développent (g) ; elle
n’eft point vivipare, comme la terreftre ; elle pond,
dans le mois d’Avril ou de M ai, des oeufs, qui, dans
certaines variétés, font ordinairement au nombre de
vingt, forment deux cordons, & font joints enfemble
par une matière vifqueufe, dont ils font également
revêtus lorfqu’ils font détachés les uns des autres. Ils fe
chargent de cette matière gluante dans deux canaux
blancs & très-pliifés, qui s’étendent depuis les pattes
de devant jufques vers l’origine de la queue , un de
chaque côté de l’épine du dos, & dans lefquels ils
entrent en fortant des deux ovaires. On apperçoit,
attachés aux parois de ces ovaires, une multitude de
très-petits oeufs jaunâtres ; ils grofliflent infenfiblement
à l’approche du printems, & ceux qui font parvenus à
leur maturité dans la faifon des amours, defcendent
dans les tuyaux blancs & plifles, dont nous venons de
parler, & où ils doivent être fécondés (h) ..
{g} Mémoire de M. Dufay déjà cité.
(h ) (Euvres de M. l’Ablé Spallanzani, traduction deM.Smnébier j,-
vol g j p. 6c.
d’où ils fe relèvent quelquefois jufqu’à la furface des
marais, parce qu’il fe forme dans la matière vifqueufe
qui les entoure, des bulles d’air qui,les rendent très-
légers ; mais ces bulles fe diflipent, & ils retombent
fur la vafe.
A mefure qu’ils grofliifent, l’on diftingue au travers
de la matière vifqueufe, & de la membrane tranfparente
qui en eft enduite, la petite Salamandre repliée dans
la liqueur que contient cette membrane. Cet embryon
s’y développe infenfiblement ; bientôt il s’y meut, &
s’y retourne avec une très-grande agilité -, & enfin au
bout de huit ou dix jours, fuivant la chaleur du climat,
& celle de la faifon, il déchire, par de petits
coups réitérés, la membrane, qui eft, pour ainfi dire,
la coque de fon oeuf ( i).
Lorfque la jeune Salamandre aquatique vient d’éclore
, elle a , ainfi que les grenouilles, un peu de
conformité avec les poiflons. Pendant que fes pattes
font encore très-courtes, on voit, de chaque côté, un
peu au-deflùs de fes pieds de devant, de petites houppes-
frangées, qui fe tiennent droites dans 1 eau, qu’on a
( i)C ’eft cette membrane que M. l’Abbé Spallanzani a appellee 1 amnios
de- la jeune Salamandre, ce grand Obfei vateur ne voulant pas regarder
les Salamandres aquatiques comme venant d’un véritable oeuf. Voyez,
l'ouvrage déjà cité de ce Naturalise.