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bre d’années à ces latitudes élevées, mais même y
parvenir à tout leur développement (k).Des tenrpêtes
ou d’autr-es caufes puiffantes font auffi quelquefois def-
cendre vers les zones tempérées & chaflent des mers
glaciales, les immenfes cétacées qui peuplent cet empire
du froid : le hafard pourrait donc faire rencontrer en-
femble les grandes tortues franches & ces immenfes
animaux ( l) ; & Ion devrait voir avec intérêt fur
la furface de l’antique Océan, d’un côté les tortues
de mer , ces animaux accoutumés à être plongés dans
les rayons ardens du foleil fouverain dominateur des
contrées torrides , & de l’autre , les grands cétacées
qui, relégués dans un féjour de glaces & de ténèbres,
n’ont prefque jamais reçu les douces influences
( k) M. Bomare a publié, dans ion Dictionnaire d’Hiftoire naturelle,-
une lettre qui lui fut adreflee, en I77I . P « M. de Laborie , Avocat
su Confeil fupérieur du Cap, ïïle Saint-Domingue, d’après ^laquelle il
paroît qu’une tortue pêchée, en 1754’ dans le pertuis d’Antioche, étoit
la même qu’une tortue embarquée fort jeune à Saint-Domingue, en 174^ j
parM. de Laborie le pere. Ellepefoit alors près de vingt-cinq livres ; elle
s’échappa dans ce même permis d’Antioche, au moment où la tempête bnfa
le vaifleau qui -l’avoit apportée-, & elle acheva de croître fur les cotes de
France. Dictionnaire d’Hijloire naturelle de M. Valmont de Bomare ,
art. des tortues de mer.
(/) On a pris de grandes tortues auprès de l’embouchure de la
Lo ire, & un grand nombre de cachalots ont été jetes fur les cotes de
jla Bretagne il n’y a que peu d’annees.
dfi père
d e s Q u a d r u p è d e s o u i p a r e s . 8 9
du père de la lumière, & au lieu des beaux jours
de la nature, n’en ont prefque jamais connu que les
tempêtes & les horreurs.
On peut citer fur - tout à ce fujet deux exemples
remarquables. En 1 7 5 2 , une tortue fut prife à Dieppe
où elle avoit été jetée dans le port, par une tourmente
: elle pefoit de huit à neuf cens livres , &
avoit à-peu-près fix pieds de long, fur quatre pieds
de largeur : deux ans après, on pêcha, dans le pertuis
d’Antioche une tortue plus grande encore ; elle avoit
huit pieds de long; elle pefoit plus de huit cens
livres, & comme ordinairement, dans les tortues, l’on
doit compter le poids des couvertures pour près de
la moitié du poids total (m) , la chair de celle du
pertuis d Antioche devoit pefer plus de quatre cens
livres. Elle fut portée à l’abbaye de Long-veau, près
de Vannes en Bretagne; la carapace avoit cinq pieds
de long.
Ce n’eft que fur les rivages prefque déferts, & par
exemple fur une partie de cèux de l’Amérique,
voifins de la ligne., & baignés par la mer pacifique,
que les tortues franches peuvent en liberté parvenir
a tout l’accroiflément pour lequel la Nature les a
{m) Note communiquée par M. le Chevalier de Widerfpacfu:
Ovipares, Tome I. M