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 deflus  de  Memphis  (e).  Mais ,  dans  les  pays  moins  
 peuplés ,  il  ne  doit  pas  en  être  de  même ,-  ils  font  
 fi.  abondans  dans  les  grandes  rivières  de  l’Amazone  
 &.  d’Oyapoc  ,  dans  la  baie  de  Vincent  Pinçon ,  &   
 dans  les  lacs  qui  y  communiquent,  qu’ils  y  gênent,  
 par  leur  multitude,  la  navigation  des  pyrogues;  ils  
 fuivent  ces  légers  bâtimens,  fans  cependant  eflàyer  de  
 les  renverfer,  &   fans  attaquer  les  hommes  :  il  eft  
 quelquefois  aifé  de  les  écarter  à  coups  de  rames ,  
 lorfqu’ils  ne  font  pas  très-grands  ( f) .  Mais  M.  de  la  
 Borde  raconte  que  naviguant  dans  un  canot,  le  long  
 des  rivages  orientaux  de  l’Amérique  méridionale  ,  il  
 rencontra  une  douzaine  de  gros  caymans  à  l’embouchure  
 d’une  petite  rivière  dans  laquelle  il  vouloit  
 entrer ;  il  leur  tira  plufieurs  coups  de  fufil  ,  fans  
 qu’ils  changeaient  de  place ;  il  fut  tenté  de  faire  
 palfer  fon  canot  par -  delfiis  ces  animaux  -,  il  fut  
 arrêté  cependant  ,  par  la  crainte  qu’ils  ne  fiffent  
 chavirer  fon  petit  bâtiment,  &.  qu’ils  ne  le  dévo- 
 ( e )  On y en rencontre, fuivant cet Auteur, de trente coudées de long;-  
 Hißoire  naturelle  de  'l’Egypte, par Profper Alpin,  tome  1 ,  Chap,  y.-  
 (fyN o te communiquée par M.  le  Chevalier de  Widerfpach, Correj~  
 pondant du  Cabinet de  Sa Majefté. 
 t e s   Qx i  A d R V P z s o e s   O V I P A R E S /   22 fj  
 râffent : lorfqü’il  feroit  tombé  dans  l’eau.  Il  fut  obligé  
 d’attendre  près  de  deux  heures,  après  lefquelles  les  
 caymans  s’éloignèrent, .  &   lui  laiflerent  le  palfage  
 libre  (g).  . 
 tteureufement  un  grand  nombre  de  crocodiles,  font  
 détruits  avant  d’éclore.  Indépendamment  des  ennemis  
 puiflans  dont  nous  avons déjà parlé,  des animaux  trop  
 foibles pour ne pas  fuir à l’afpeét de ces grands lézards,  
 cherchent  leurs  oeufs Çur les rivages  où ils les dépofent :  
 la  mangoufte,  les  finges,  les  fagouins ,  les  fapajous  &   
 plufieurs  efpèces d’oifeaux d’eau,  s’en  nourriffent  avec  
 avidité  (h),&e  en  caflent même un très-grand nombre,  
 en  quelque  forte,  pour  le  plaifir  de  fe  jouer. 
 Ces  mêmes  oeufs,  ainfi  que  la  chair  du  crocodile,  
 fur-tout  celle  de  la  queue  &   du  bas-ventre,  fervent  
 de nourriture aux Nègres de l’Afrique, ainfi qu’à certains  
 peuples de l’Inde &  de l’Amérique  (i) . Ils trouvent  délicate  
 &  fucculente Gette  chair qui  eft très-blanche j mais  
 il  paroît  que  prefque  tous les Européens qui ont voulu  
 en  manger ,  ont  été  rebutés  par  l’odeur  de mufc dont 
 ( g )> Note  communiquée par M.  de la  Borde. 
 (h)  Defcription  de  l’Ifle  ejpagnole«  Hißoire générale  des  Voyages}  
 troifième  Partie y Livre  V. 
 ( i )  Catejby ,  Hißoire  naturelle  de  la  Caroline , vol.  z , page  6-y