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 firmée  par  l’obfervation  des  Millionnaires  mathématiciens  
 que  Louis  X IV   envoya  dans  l’Orient,  &   qui  
 ayant  gardé  un  très-jeune  crocodile  en  vie  pendant  
 deux mois,  remarquèrent  que  fes dimenfions  n’avoient  
 pas  augmenté,  pendant  ce  tems,  dune  maniéré  fen-  
 fible  ( e ) .  Cette  même  lenteur  a  fait  naître,  fans,  
 doute,  l’erreur  d’Ariftote  &   de  Pline,.  qui  penfoient  
 que  le  crocodile  croilîbit  jufqu’à  fa  mort  ;  &.  elle  
 prouve  combien  la  vie  de  cet  animal  peut  etre  
 longue.  Le  crocodile  habitant  en  effet  au  milieu  dès,  
 eaux,  prefque  autant  que  les  tortues  marines,  n étant  
 pas  revêtu  d’une  croûte  plus  dure  quune  carapace,.  
 &  croîfîant pendant bien plus de tems que la tortue franche  
 ,  qui  paroît  être  entièrement  developpee  apres,  
 vingt ans, ne  doit-il pas vivre plus  long-tems.  que  cette  
 grande  tortue,  qui  cependant  vit  plus  d un  fiecle ? 
 Le  crocodile  fréquente  de  préférence  les  rives  des  
 grands fleuves,  dont les  eaux  furmontent  fouvent  leurs,  
 bords,  &  qui-, couvertes d’une-va-fe limonneufe ,. offrent  
 en  plus  grande  abondance  les  teflacees ,; les  vers,  les>  
 grenouilles  &-  les  lézards  dont  il  fe  nourrit  ( f  )  .  Il • 
 •  (e)  Mémoires pour Jcrvir  à CHifl.  naturelle  dés  animaux,  totne  3. 
 (ƒ)  « L e s   crocodiles  de  l’Amérique  fepfentrionalé  fréquentent  non-  
 ♦ Æutement  les  rivières  faîées  proche de  la  mer,  mais  auffi  le  courant  
 j,des  eaux, douces  plus  avant  dans  les  terres, &  les  lacs  d eaux falees  & 
 UES   \JUAJ) RU PE H È S  O V i P A R E S . 
 fe  plaît  fur-tout  dans  l’Amérique  méridionale  (g) ,  au  
 milieu  des  lacs  marécageux ,  &.  des  favanes  noyées^  
 Catefby, dans  fon Hiftoire naturelle  de  la Caroline (h)^  
 nous  repréfente  les  bords-  fangeux  ,  baignés  par  les  
 eaux  falées,  comme  couverts  de  forêts  épaiffes  d’arbres  
 de  banianes,  parmi  lefqu'els  des  crocodiles  vont  
 fe  cacher.  Les  plus  petits  s’enfoncent dans  des buîffons-  
 épais,  où  les  plus  grands  ne  peuvent  pénétrer ,  &   où  
 ils  font  à  couvert  de  leurs  dents  meurtrières.  Ces  bois',  
 aquatiques  font  remplis  de  poilfons  deflrucicurs ,  &   
 d’autres  animaux  qui  fe  dévorent  les  uns'  IeS  autres.  
 On  y  rencontre  auffi  de  grandes  tortues;  mais  elles  
 font  le  plus  fouvent  la  proie  de  ces  poiffons  carna-  
 ciers,  qui,  à  leur  tour,  fervent  d’aliment  aux  crocodiles  
 ,  plus  puiffans  qu’eux  tous.  Ces  forêts  noyées  
 préfentent  les  débris  de  cette  forte  de  carnage  ,  <5c  
 l’on  y  voit  flotter  des  relies  de  carcaffes  d’animaux  
 a  demi -  dévorés» C’efl  dans  ces  terrains  fangeux,  que-  
 couvert  de  boue,  &.  reffemblant  à  un  arbre  renverfé,;  
 il  attend  immobile,  &   avec  la  patience  que  doit 
 deanx  douces.  Ils  fe  tiennent  cachés  fur  leurs  bords,  parmi  les  ro-tï-  
 féaux,, pour  furprendre  le  bétail  &  les-autres  animaux.  »   Catejbsfg,  
 Hifîoire  naturelle  de  la-  Caroline r  vol  z , page-ffg.- 
 ( g )  Ohfewations. communiquées par M. de  la- Borde,