
 
        
         
		Cependant  leur  attachement  mutuel  paffe  âvec  
 le  befoîn  qui'  l’ayôit  fait  naître.  Les  animaux  nont  
 point,  comme  l’homme,  cette  intelligence,  q u i,  en  
 combinant  un  grand  nombre  d’idées  morales,  &   en  
 les  réchayffant  par  un  fentiment  aétif,  fait  fi  bien  
 prolonger  les  charmes  de  la  jouiffance,  &   faire  goûter  
 encore  des  plaifirs  fi- grands  dans  les heureux  fouvenirs  
 d’une 'tendreffe  touchante. 
 I  La  tortue mâle, après fon accouplement, abandonne  
 bientôt la compagne quelle paroiffoit  avoir tant  chérie ;  
 elle  la  laiffe  feule  aller à terre,  s’expofer  à  des  dangers  
 de toute efpèce, pour dépofer fur le fable  les fruits d’une  
 union qui  fembloit devoir être moins paffagère. 
 11  paroît  que  le  tems  de  l’accouplement  des  tortues  
 franches,-varie  dans  les  différens  pays  fuivant  la  température  
 j  la  pofition  en-deça  ou  au-delà  de  la  ligne,  
 la  faifon  des  pluies1,. &c.  C’eft  Vers  la  fin  de  Mars  ou 
 jj  Femelles  -,  on  perpe  facilement  le  mâle,  car  il  n eft  pas  fauvage.  t a   
 jj  femelle,  à  là  vue  d’un  canot, fait  des  efforts pour  s échapper; mais  i l   
 jj  la  retient  avec  fes  deux  nageoires  ( ou  pattes )  de  devant.  Lorfqtl on  
 jj  les  furprend  accouplésle  plus  sûr  eft  de  darder la femelle :  on  eft  
 sûr  alors  du  mâle.  Dampier,  Tome  I ,  page  z z S . jj 
 M.  de  la  Borde, Médecin  du  Roi  à Cayenne,  &  Correfpondant  du  
 Cabinet  d’Hiftoire  naturelle,   foupçonne  que  la  forme  des  parties  
 fexuelles  du  mâle  contribue  à ce  qu’il  demeure  uni  à  fa  femelle,  quoiqu’on  
 les  pourfuive,  les  prenne,  les  bleffe  ,  &c.  Note  communiquée  
 par  ce  Naturalise. 
 dans 
 d e s   Q u a d r u p è d e s   o v i p a r e s .  6 5  
 dans le  commencement d’Avril,  qu’elles  fe  recherchent  
 dans la plupart des contrées chaudes de  l’Amérique fep-  
 tentrionale ; &  bientôt  après  les  femelles  commencent  
 à pondre  leurs ■ oeufs  fur  le  rivage ;  elles  préfèrent  les  
 graviers,  les  fables  dépourvus  de  vafe  &   de  corps  marins, 
   où  la  chaleur  du  foleil  peut  plus  aifément  faire  
 éclore  des  oeufs,  qu’elles  abandonnent  après  les  avoir  
 pondus  (o). 
 Il  femble  cependant  que  ce  n’ eft  pas  par  indifférence  
 pour  les  petits  qui  lui  devront  le  jour,  que  là  
 mère tortue laiffe  ces  oeufs fur le  fable  :  elle  y  creufe,  
 avec  fes  nageoires,  &   au-deffùs  de  l’endroit  où  parviennent  
 les  plus  hautes  vagues, un ou  plufieurs  trous  
 d’environ  un  pied  de  largeur,  &   deux  pieds  de  profondeur  
 :  elle  y  dépofe  fes  oeufs  au  nombre de plus  de  
 cent  (p) ;  ces oeufs  font  ronds,  de  deux ou trois pouces  
 de diamètre,  &.  la membrane qui les couvre  reffemble,  
 en  quelque  forte,  à  du  parchemin  mouillé  (q).  Ils 
 ( o )  Ce  fait  eft  contraire  à  l’opinion  d’Ariftote &   à  celle  de  Pline ;  
 mais  il  a  été  mis hors  de  doute  par  tous  les  Voyageurs  &   les  Obfer-  
 vateurs  modernes; il  paroît  que  Pline  &  Ariftote  ont  eu  peu  de  ren-  
 feignemens  exacts  relativement  aux  Quadrupèdes  ovipares,  dont  ils  ne  
 connoiffoient  qu’un  très-petit  nombre. 
 {p )  Mémoires  manuscrits  Jiir  les  tortues ,  rédigés par M.  de  Fou~  
 geroux. 
 ( q )  Ray,  Jÿnopfis animalium, 
 Ovipares,  Tome I. I