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 les  unes,  fans  penfer  aux  autres;  on  eft  tenté  de  
 les  comprendre  tous  dans  la  difgrace  a ■ laquelle  les  
 crapauds  ont  été  condamnés  ,  &   de  rapporter  aux  
 premières les habitudes baffes,  les qualités dégoûtantes,  
 les  propriétés  dangereufes  des  féconds.  Nous  aurons  
 peut-être  bien  de  la  peine  a  donner  a  la  Grenouille  
 commune  la  place  qu elle  doit  occuper  dans  1 efc-  
 prit  des  leéteurs  >  comme  dans  la  nature  :  mais  il  
 n’en  eft  pas  moins  vrai  que  s il  n avoit  point  exifte  
 de  crapauds  ,  ft  1 on  n avoit  jamais  eu  devant  les  
 yeux  ce  vilain  objet  de  comparaifon  qui  enlaidit  par  
 fa  reffemblance,  autant  qu’il  iàlit  par  fon  approche,  
 la  Grenouille  nous  paroitroit  auffi  agréable  par  la  
 .conformation  ,  que  diftinguée  par  fes  qualités,  &   
 intéreffante  par  les  phénomènes  qu elle  prefente  dans  
 les diverfes  époques de  fa  vie. Nous la verrions comme  
 •un  animal  utile  dont  nous  n avons  rien  a  craindre,  
 dont  l’inftinA  eft  épuré,  &   qui  joignant  à  une  forme  
 fvelte  des  membres  déliés  &   fouples,  eft  parée  des  
 couleurs  qui  plaifent  le  plus  a  la  vu e ,  &   prefente  
 des  nuances  d’autant  plus  vives ,  quune  humeur  vif-  
 queufe  enduit  fa  peau ;  &   lui  fert  de  vernis, 
 Lorfque  les  Grenouilles  communes  font  hors  de  
 l’eau,  bien  loin  d’avoir  la  face  contre  terre,  &   d’être  
 baffement  accroupies  dans  la  fange  comme  les  crapauds  
 ,  elles  ne  vont  que  par  fauts  tres-éleves  ;  leurs 
 pattes 
 pâttes  de  derrière,  en  fe  pliant  &   en  fé  débandant  
 enfuite  ,  leur  fervent  de  refforts ;  &   elles  y  ont  allez  
 de  forCe  pour  s’élancer  fouvent  jufqu’à  la  hauteur  de  
 quelques  pieds. 
 On  diroit  qu’elles  cherchent  l’élément  de  l’air  
 comme  le  plus  pur ;  &  lorfqu’elles  fe  repofent  à  terre,  
 c eft  toujours  la  tête  haute,  leur  corps  relevé  fur  
 les  pattes  de  devant  ,  &   appuyé  fur  les  pattes  de  
 derrière,  ce  qui  leur  donne  bien  plutôt  l’attitude  
 droite  d’un  animal  dont  l’inftinét  a  une  certaine  no-  
 bleflè  ,  que  la  polition  baffe  &.  horizontale  d'un  vil  
 reptile. 
 La  Grenouille  commune  eft  fi  élaftique  &:  fi  fen-  
 fible  dans  tous  fes  points,  qu’on  ne  peut  la  toucher,  
 &   fur -  tout  la  prendre  par  fes  pattes  de  derrière  ,  
 fans  que  tout  de  fuite  fon  dos  fe  courbe  avec  vîteffe,  
 &   que  toute  fa  furface  montre  ,  pour  ainfi  dire,  les  
 mouvemens  prompts  d’un  animal  agile,  qui  cherche  
 à  s’échapper. 
 Son  mufeau  fe  termine  en  pointe  ;  les  yeüx  font  
 gros ,  brillans  &   entourés  d’un  cercle  couleur  d’or 5  
 les  oreilles  placées  derrière  les  y e u x ,  &   recouvertes  
 par  une  membrane;  les  narines  vers  le  foramet  du  
 mufeau,  &   la  bouche  eft  grande  &   fans  dents;  le’  
 corps  ,  rétréci  parderrière ,  préfente  fur  le  dos  des  
 tubercules  &   des  afpérités.  Ces  tubercules  que  nous  
 ayons  remarqués  fi  fouvent. fur  les  Quadrupèdes  ovi- 
 Ovipares,  Tome  I.  S  f ï