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 crié  de  quitter  le  chemin  battu,  &.  de  marcher  en  
 tournoyant, il  auroit  été la proie de  ce  terrible  animal.  
 Dans  l’Amérique  méridionale,  fuiwnt M.  de  la  Borde,  
 les  grands  crocodiles  fortent  des  fleuves  plus  rarement  
 que  les  petits;  l’eau  des  lacs  qu’ils  fréquentent  venant  
 quelquefois à s’évaporer, ils demeurent  fouvent pendant  
 quelques  mois  à  fee ,  fans  pouvoir  regagner  aucune  
 rivière,  vivant  de  gibier,  ou  fe  paflànt  de  nourriture,  
 &.  étant  alors  très-dangereux, 
 Il  y  a  peu  d’endroits  peuplés  de  crocodiles,  un  peu  
 gros  ?  où  l’on  puifle  tomber  dans  l’eau ,  fans  rifquer  
 de  perdre  la  yje  (n ) ,  Ils  ont  fouvent,  pendant  la  
 nuit,  grimpé  ou  fauté  dans  des  canots,  dans  lefquels  
 on  étpit  endormi,  &.  ils  en.  ont  dévoré  tous  les  pgf-  
 fagers.  Il  faut  yeiller  avec  foin  lorfqu’on  fe  trouve  
 le  long  des  rivages  habités  par  ces  animaux.  M.  dp  
 la  Borde  en  a  vu  fe  drefler  contre  les  très -  petits 
 (n)  et Les  crocodiles  font  plus  dangereux  dans  la  grande  rivière  de  
 tjMacaflàr,  que  dans  aucune  autre  rivière  de  l’Prient :  ces  monftres  np  
 »Ce  bornent  point  à  faire  la guerre  aux  poilfons, s’affemblent  quelque-  
 »3 fois  tp  troupes,  &  fe  tiennent  cachés  au fond de l’eau,  pour  attendre 
 *3 le  palfage  des  petits  bâtimens..  Us  tes  arrêtent,  8c  Ce  fèrvant  de  leur  
 »  queue  comme  d’un  croc,  ils  les  renverfept  &  fe  jettent  fur  les  hom-  
 fpes &  les  animaux,  qu’ils  entraînent dans leurs  retraites, sj Defiription  
 de  flß e  Célebes,   ou Macajfar.  Hiß.  générale  des  Voyages,  tome  gg ,  
 page Z48 j  édif.  ip - îi. 
 Bâtimen»f 
 d e s   Q u a d r u p è d e s   o v i p A E e s .  2 1 7   
 Bâtimens.  Au  relie,  en  comparant  les  relations  des  
 Voyageurs,,  il  paroît  que  la  voracité  &   la  hardiefle  
 des crocodiles augmentent, diminuent, &  même  p a lient  
 entièrement,  fuivant  le  climat,  la  taille,  l’âge,  l’état  
 de  ces  animaux,  la  nature,  &   fur-tout  l’abondance  
 de  leurs  alimens.  La   faim  peut  quelquefois  les  forcer  
 à  fe  nourrir  d’animaux  de  leur  efpèce,  ainfi  que nous  
 l ’avons  dit;  &   lorfqifun  extrême  befoin  les  domine,  
 le  plus  foible  devient  la  viétime  du  plus  fort;  mais,  
 d’après  tout  ce  que  nous  avons  expofé  ,  l’on  ne  doit  
 point  penfer,  avec  quelques  Naturaliftes,  que  la  femelle  
 du  crocodile  conduit  à  l’eau  fes  petits  lorsqu’ils  
 font  éclos, &   que  le mâle &   la  femelle dévorent  
 ceux  qui  ne  peuvent  pas  fe  traîner.  Nous  avons  vu  
 que  la  chaleur  du  foleil  ou  de  l’atmofphère  faifoit  
 éclore  leurs oeufs ;  que  les  petits alloient  d’eux-mêmes  
 à  la  mer;  &   les  crocodiles  n’étant  jamais  cruels  que  
 pour  aflouvir  une  faim  plus  cruelle  ,  ne  doivent  
 point  être  accufés  de  l’efpèee  de  choix  barbare  qu’on  
 leur  a  imputé, 
 Malgré  la  diverfité  des  alimens  que  recherche  le  
 crocodile  ,  la  facilité  que  la  lenteur  de  fa  marche  
 donne  à  plufieurs  animaux  pour  l’éviter  ,  le  contraint  
 quelquefois  à  demeurer  beaucoup  de  tems  &   même  
 plufieurs  mois  fans  manger  (  0 )  :  il  avale  alors  de 
 (p)  Brown  dit  que  l’on  a  obiervé  plufieurs  fois  des  crocodiles  qui  
 Ovipares,  Tome  I ,  E   Ç