
 
        
         
		584  Hi s t o i r e   N a t u s e i z e   
 d’abondance peuvent bien changer les inclinations d’un  
 animal  tel  que  le  crapaud ,  le  naturel  des Quadrupèdes  
 ovipares parodiant, pour ainfi dire, plus.flexible  
 que  celui  des  animaux  mieux  organflés:  Que  l’on  
 croie tout au plus, qu’avec moins de dangers  à  courir,  
 &. une nourriture  d’une  qualité  particulière,  1 eipece  
 de  crapaud  pourroit  être  perfectionnée  comme  tant  
 d’autres efpèces^  mais ne  faudra-t-il  pas  toujours  re-  
 connoître dans les individus  dont  la Nature  feule aura  
 pris  foin,  les  vices  de  conformation  &  d’habitudes  
 qu’on  leur  a  attribués? 
 Comme  l’art de l’homme peut  rendre prefque  tout  
 utile  ,  puifqu’il  change  quelquefois  en  médicâmens  
 falutaires  les  poifons  les  plus  funeftes ,  on  s’eft  fervi  
 des  crapauds  en médecine ;  on  les  y  a  employés  de  
 plufieurs manières  ( q ) , &  contre  plufieurs maux. 
 On  trouve plufieurs obfervations, d apres lefquelles  
 il  paroîtroit  au  premier  coup-d’oeil  qu’un  crapaud  a  
 pu  fe  développer  &  vivre  pendant  un nombie  prodigieux  
 d’années dans le creux dun arbre ou dun bloc  
 de  pierre,  fans  aucune  communication  avec  1 air 
 ( q )  et Mes  Nègres,  que  les  chaleurs  du  foleil  &   du  fable  avoient  
 »beaucoup  incommodés,  fe Frottèrent le  front  avec des Crapauds Vivans,  
 »  dont  ils  trouvèrent  encore  quelques-uns  fous  les broufiàilles :  ceft affez  
 »leur-coutume  lorfqu’ils  font  travaillés  de  la migraine , &  ils  en furent  
 »  foulages.  Hfjloire  naturelle du Sénégal, par M. Adanfpn,  page  163. 
 extérieur ; 
 extérieur  :  mais  on  ne  l’a  penfé  ainfi ,  que  parce  
 qu’on  n’avoit  pas  bien  examiné  1 arbre ou  la  pierre,  
 avant  de  trouver  le  crapaud  dans  leur?  cavités  ( r ) .  
 Cette opinion ne peut pas être admife, mais cependant  
 on  doit regarder  comme  très-fûr  qu’un  crapaud  peut  
 yiyre  trè^long-tems, & même  jufqu’à  dix-huit mois  
 fans prendre aucune nourriture,  en quelque forte fans  
 refpirer  & toujours  renfermé dans  des  boîtes fcellees  
 exactement. Les expériences de M. Hériffant le mettent  
 hors  de doute  ( s ) , & ceci  eft une nouvelle  confirmation  
 de  ce  que  nous  avons  dit  dans  notre  premier  
 difeours  touchant la nature  des Quadrupèdes ovipares,  
 Voyons maintenant les caractères qui djftinguent les  
 prapauds différens du crapaud commun, tant en ^Europe  
 que  dans  les  pays  étrangers  ;  il  n’eft  prefqu aucune  
 latitude où  la Nature  n’ait  prodigué  ces  êtres hideux  
 dont  il  femble quelle n’a diverfifié les efpèçes que par  
 de  nouvelles  difformités ,  comme  fi  elle  avoit  voulu  
 qu’il  ne  manquât  aucun  trait  de  laideur à  ce  genre  
 difgracié, “ 
 ( r) Encyclopédie méthodique, art. des Crapauds, par M.  d’Aubenton,  
 Aftruç,  Paris ,  I J 3 J  ,in-/p-° > pages  tffo  Sifeiv-  ^  K.-  _ 
 ( f )   Eloge  de  M.  Hériffant,  Hijloire  de  L’Académie  des  Sciences, 
 (innée  iJ73- 
 Ovipares,  Tome  I. E   e  e  e