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 que  l’on  peut  appercevoir aifément, lorfqu’elle  eft très-  
 répandue  dans  le  corps,  à caufe  de  la  ténuité  des muf-  
 c le s ,  &   de  la  tranfparence  de  la  peau  (0).  Il  paroît  
 d’ailleurs  que  e’eft  au  plus  ou  moins  de  chaleur  dont  
 il  eft pénétré, qu’il doit les changemens  de couleur qu’il  
 éprouve  de tems-en-tems  (p).  En général, fes couleurs  
 font  plus  vives  lorfqu’il  eft  en  mouvement,  lorfqu’on  
 le  manie,  lorfqu’il  eft  expofé  à  la  lumière  du  foleil  
 très-chaud dans les climats qu’il habite : elles deviennent  
 au  contraire  plus  foibles  lorfqu’il  eft  à  l’ombre,  c’eft-  
 à-dire  privé  de  l’influence des  rayons  Affaires,  lorfqu’ il  
 eft  en  repos, &c.  Si  fes  couleurs  fe terniffent quelquefois  
 lorfqu’on l’enveloppe dans du linge ou dans quelqu’é-  
 toffe, c’eft peut-être  parce  qu’il eft refroidi par les linges  
 ou  par l’étoffe dans lefquels  on  le plie.  Il pâlit toutes les  
 nuits,  parce  que  toutes  les  nuits  font  plus  ou  moins  
 fraîches, fur-tout  en  France,  où  ce  phénomène  a  été  
 obfervé  par M.  Perrault,  Il  blanchit  enfin  lorfquil  eft  
 mort, parce qu’alors toute chaleur  intérieure  eft éteinte,  
 La   crainte,  la  colère  &   la  chaleur  qu’éprouve  le 
 (0) Hajfelquifl.  Voyage  en  Paleftine, page  34g. 
 (p )  “  Chanjæleonis  color verus  cinereus  eft, fed  juxta  animi  affe&us  
 >jquandoque  çum  calore  colorera  mutât,  ut  &  ratione  calidioris  vel  
 frigidioris  aeris,  non  vero  fubje£H,  ut  quidam  volunt.  i>  Wormi.mus.  
 de pedejiribus,  Cap.  X X U  ,  fol.  316, 
 Caméléon, 
 Caméléon,  nous  paroiffënt donc  les  caufes  des diverfes  
 couleurs  qu’il  préfente, &   qui  ont été  le  fujet  de  tant  
 de  fables  ( q). 
 Il  jouit,  à  un  degré  très-éminent,  du pouvoir  d’enfler  
 les  differentes  parties^ de  l’on  corps,  de  leur  donner  
 par-là  un  volume  plus  confidérable, &  d’arrondir  
 ainfi  celles  qui  feroient  naturellement  comprimées. 
 C’eft  par  des  mouvemens  lents  &   irréguliers  ,  &   
 non  point  par  des  ofeillations  régulières  &   fréquentes,  
 que  le Caméléon  fe  gonfle  :  il  fe remplit d’air au point  
 de  doubler  fon  diamètre :  fon  enflure  s’étend  jufques  
 dans les pattes  &   dans  la  queue  :  il  demeure  dans  cet  
 état,  quelquefois,  pendant deux  heures,-fe  défenflant  
 un  pçu  de  tems -  en -  tems,  &  fe  renflant  de  nouveau; 
   mais fa  dilatation  eft  toujours  plus  fbudaine que  
 fa  compreffion. 
 Le  Caméléon  peut  auffi  demeurer  très-long-tems  
 défenflé  :  Il  paroît  alors  dans  un  état  de  maigreur  fî  
 confidérable  ,  que  l’on  peut  compter  fes côtes,  &  que  
 Ion  dïftmgue  fes  tendons  de  fes  pattes  &   toutes  les  
 parties  de  l’épine  du  dos. 
 C eft  du  Caméléon,  dans  cet  état-,  que  Fon  a  eu  
 raifon  de  dire  qu’il  reflembloità une peau vivante  (r) ; 
 ( ? )  Mémoires  pour fervir à  l'Hiß. naturelle  des animaux ,  art,  du  
 Caméléon , pages  ^8 & Jidv. 
 (r)  Tertullien. 
 Ovipares,  Tome  I. Y y