fait naître , & jouir en paix de la longue vie a laquelle
elles ont été deftinées.
Les animaux féroces ne font donc pas les feuls
qui , dans le voiiînage de l’homme, ne peuvent ni
croître ni fe multiplier ; ce roi de la Nature, qui fouvent
en devient le tyran, non-feulement repouflè dans les
déferts les efpèees dangereufes, mais encore fon infa-
tiable avidité fe tourne fouvent contre elle -m ême ,
& relègue fur les plages éloignées, les efpèees les pkis
utiles & les plus douces ; au lieu d’augmenter fes jouif-
fances , il les diminue, en détruifant inutilement dans
des individus, privés trop tôt de la vie , la poftérité
nombreufe qui leur aurait du le jour.
On devroit tâcher d’acclimater les tortues franches
fur toutes les côtes tempérées où elles pourroient aller
chercher dans les terres des endroits un peufablonneux,
& élevés au-deffus des plus hautes vagues, pour y^dé-
pofer leurs oeufs, & les y faire éclore. L ’acquifition d’une
efpèce aufli féconde ferait certainement une des plus
utiles ; & cette richefle réelle , qui fe conferveroit 6c
fe multiplierait d’elle-même, n’exciteroit pas au moins
les regrets de la philofophie , comme les richeffes fu-
neftes arra-chées avec tant de fueurs au fein des terres
équatoriales. ^ _ h
Occupons - nous maintenant des diverfes efpeces
de tortues qui habitent au milieu des mers comme
la tortue franche, 6c qui lui font aflez analogues par leur
forme, par leurs propriétés, 6c par leurs habitudes,
pour que nous puiffions nous contenter d’indiquer les
.différences qui les diftinguent.