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 pour  y  chercher leur  nourriture:  celles  qui  font  âgées  
 de  trois  ou  quatre  ans ,  &   qui  ont  atteint  le  degré  de  
 développement  néceflaire  à  la  reproduction  de  leur  
 efpèce,  demeurent  dans  l’eau  jufqu’à  ce  que  la  fai-  
 fon  des  amours  foit  paffée.  Elles  font  les  premières-  
 grenouilles  qui  s’accouplent,  comme  les  premières ranimées. 
   Elles  demeurent  unies  pendant  quatre  jours  
 ou  environ. 
 Les  grenouilles  roulfes  éprouvent,  avant  d être  
 ^dultes  ,  les  mêmes  changeraens  que  les  grenouilles  
 communes ;  mais  il  paroît  qu’il  leur  faut plus de tems  
 pour  les  fuhir,  <5t  que  ce  n’eft  qu a-peu-pres  au  bout  
 de  trois  mois  qu’elles  ont  la  forme  quelles  doivent  
 conferver  pendant  toute  leur  vie. 
 Vers  la  fin  de  Juillet,  lorfque  les petites  grenouilles  
 font  entièrement  éclofes ,  &   ont  quitté  leur  état  de  
 têtard,  elles vont rejoindre  les  autres grenouilles roulfes  
 dans  les  bois  &   dans  les  campagnes.  Elles  partent  le  
 fo ir,  voyagent  toute  la  nuit  &   évitent  d être la  proie  
 des  oifeaux  voraces,  en  paffant  le  jour  fous lés pierres  
 &   fous  les  différens  abris  qu’elles  rencontrent,  &   en  
 ne  fe  remettant  en  chemin  que  lorfque  les  ténèbres  
 leur rendent  la  fureté. Cependant, malgré  cette  efpèce  
 de  prudence,  pour  peu  qu’il  vienne  à  pleuvoir,  elles-  
 fortent  de  leurs  retraites  pour  s’imbiber  de  1 eau  qui  
 tombe. 
 DES  Qu a  d r v p è d e  s  o v i p a r e s .  53 t  
 Comme  elles  font  très-fécondes &   qu’elles  pondent  
 ordinairement  depuis  fix  cens  jufqu’à  onze  cens  oeufs,  
 il  n’eft  pas  furprenant  qu’elles  fe  montrent  quelquefois  
 en  fi  grand  nombre,  fur-tout  dans  les  bois  &  les  
 terrains  humides,  que  la  terre  en  paroît  toute  couverte. 
 La  multitude  des  grenouilles  roulfes  qu’on  voit  
 fortir  de  leurs  trous  lorfqu’il  pleut,  a  donné  lieu  à  
 deux  fables  ;  l’on  a  dit, non-feulement  qu’il  pleuvoit  
 quelquefois  des  grenouilles,  mais  encore  que  le  mélange  
 de  la pluie  avec des  grains  de  pouffière  pou voit  
 les  engendrer  tout  d’un  coup.  L’on  ajoutoit  que  ces  
 grenouilles  ainfi  tombées  des  nues  ,  ou  produites  d’une  
 manière  fi rapide par un mélange fi bizarre, s’en alloient  
 aufli  promptement  qu elles  étoient  venues,  &   qu’elles  
 difparoiffoient  aux  premiers  rayons  du  Soleil. 
 Pour  peu  qu’on  eût  voulu  découvrir  la  vérité,  on  
 les  auroit  trouvées,  avant  la  pluie,  fous  des  tas  de  
 pierres &   d’autres abris, où on les auroit vues cachées de  
 nouveau  après  la. pluie,  pour  fe  dérober  à une  lumière  
 trop  vive  (b)   ; mais on  auroit  eu deux fables  de  moins  
 à  raconter,  &.  combien  de  gens  dont  tout  le  mérite  
 difparoît  avec  les  faits  merveilleux. ! 
 On  a  prétendu  que  les  grenouilles  roulfes  étoient 
 (b)  Roe/él,  pages.  13 &  14. 
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