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 aura  cependant  toujours  une  grande  différence  entre  
 les  originaux  &.  ces  copies  plus  ou moins  fidèles  :  l’imagination  
 ,  en  affemblant  des  formes  &   des  qualités  
 difparates,  ne  prépare  pas  à  cette  réunion  extraordinaire; 
   elle  n’emploie  pas  cette  dégradation  fucceffive  
 de  nuances  diverfifiées  à  l’infini  qui  peuvent  rapprocher  
 les  objets  les  plus  éloignés, ■ &  qui  en  décelant  la  
 vraie  puilîance  créatricej  font  le  fceau dont  la  Nature  
 marque  fes  ouvrages durables,  &   les  diftingue des productions  
 paffagères  de  la  vaine  imagination. 
 Lorfque  les  Quadrupèdes  ovipares  quittent  leurs  
 vieilles  couvertures ,  leur  nouvelle  peau  eft  fouvent  
 encore  aflèz  molle  pour  les  rendre  plus  fenfibles  au  
 choc  des  objets  extérieurs : auffi  font-ils  plus  timides,  
 plus  réfervés, pour  ainfi  dire,  dans  leur  démarche, &   
 fe   tiennent-ils  cachés autant  qu’ils le peuvent,  jufqu’à  
 que  cette  nouvelle  peau  ait  été  fortifiée  par  de  nouveaux  
 fucs  nourriciers &   endurcie  par  les  impreffions  
 de  l’atmofphèrg. 
 Les  habitudes  des Quadrupèdes ovipares  font  en  général  
 affez  douces  :  leur  caraétère  eft  fans  férocité  ;  
 fi  quelques-uns  d’eux,  comme les  crocodiles,  détruifent  
 beaucoup, deft parce qu’ils ont une grande maffe à entretenir  
 ( y ) ; mais ce n’eft que dans les articles particuliers 
 iy )   Voye?  particulièrement  l’Hiftoire  des  Crocodiles, 
 de 
 d e s   Q u a d r u p è d e s   o v i p a r e s .  33  
 de  cette  Hiftoire  que  nous pourrons montrer  comment  
 Ces  moeurs  générales  &   communes  à  tous  les  Quadrupèdes  
 ovipares,  font  plus  ou  moins  diverfifiées  dans  
 chaque  efpèce,  par  leur  organifation  particulière ,  &   
 par  les  circonftances  de  leur  vie.  Nous  verrons, par  
 exemple,  les  uns  fe  nourrir  de  poiffons  ,  les  autres  
 donner  la  chaffe  de  préférence  aux  animaux qui rampent  
 fur la terre,  aux petits Quadrupèdes,  aux  oifeaux  
 même  qu’ils  peuvent  atteindre  fur  les  branches  des  
 arbres ;  ceux -  ci fe nourrir uniquement des infeétes qui  
 bourdonnent  dans  l’atmofphère ;  ceux-là  ne vivre  que  
 d’herbe, &   ne  choifir  que  les  plantes  parfumées, tant  
 la  Nature  fait  varier  les  moyens  de  fubfiftance  dans  
 toutes les claffes, &  tant  elle  les  a  toutes  liées  par  un  
 grand  nombre  de  rapports.  La  chaîne  prefque  infinie  
 dès êtres,  au  lieu  de  fe  prolongér d’un feu!  côté, &  de  
 ne  fuivre, pour  ainfi  dire, qu’une  ligne droite,  revient  
 donc  (ans  ceffe  fur  elle-même,  s’étend  dans  tous  les  
 fens,  s’élève,  s’abaiffe ,  fe  replie,  &   par  les  différêns  
 contours  quelle  décrit,  les  diverfes  finuofilés  qu’elle  
 forme, les  divers  endroits  où  elle  fe  réunit, ne  repfié-  
 fente-t-elle  pas  une  forte  de  folide ,  dont  toutes  les  
 parties  s’enlacent &   fe  lient  étroitement  ,  où  rien  ne  
 pourrait  être  divifé  fans détruire l’enfemble,  où l’on ne  
 reconnoît  ni  premier  ni  dernier  chaînon, &  où même  
 l’on n’entrevoit  pas comment  la Nature  a  pu  former  ce  
 tiffit  auffi  imnjenfe  que  merveilleux  ? 
 Ovipares,  Tome I,  E