paraître chagrinée; & ce qui conflitue un caractère
jufqu’à préfent particulier au lézard à tête p late,
c’eft que la partie fupérieure de tout le corps eft
diflinguée de la partie inférieure par une prolongation
de la peau qui règne • en forme de membrane
frangée depuis le bout du mufeàu jufqu’à l’origine de
la queue, & qui s’étend également fur les quatre pattes,
dont elle diftingue de même le defïus d’avec le defl'ous.
Ce lézard n’a encore été trouvé qu’en Afrique; il
paroît fort commun à Madagafcar, puifque l’on peut
vo ir, dans la colleétion du Cabinet du R o i, quatre individus
de cette efpèce envoyés de cette Ifle. Cette
colleétion en renferme auffî un cinquième , que
M. Adanfon a rapporté du Sénégal; & c’elt fur ces
cinq individus, dont la conformation eft parfaitement
femblable, que j’ai fait la defcription que l’on vient
de lire. L^plus grand a de longueur totale huit pouces
iix lignes, & la queue a deux pouces quatre lignes
de longueur. Aucun Naturalifte n’a encore rien écrit
touchant cet animal ; mais il a été vu à Madagafcar
par M. Bruyères, de la Société royale de Montpellier,
qui a bien voulu me communiqner fes obfervations
au fujet de ce Quadrupède ovipare. La couleur du
lézard à tête-plate , n’eft point fixe , ainfi que celle
de plufieurs autres lézards; mais elle varie, comme
celle du caméléon, & préfente fucceffivement ou
tout-à-la-fois plufieurs nuances de rouge, de jaune j
d e s Q u a d r u p è d e s o v i p a r e s . 4 2 9
de vert & de bleu. Ces effets obfervés par M. Bruyères,
nous paroiffent dépendre des différens états de l’animal,
ainfi que dans le caméléon; & ce qui nous le perfuade,
c’eft que la peau du lézard à tête-plate eft prefque
entièrement femblable à celle du caméléon. Mais, dans
ce dernier, les variations de couleur s’étendent fur la
peau du ventre, au lieu que ; dans le lézard dont il
eft ici queftion, tout le deffous du corps, depuis l’extrémité
des mâchoires jufqu’au bout de la queue, préfente
toujours une couleur jaune & brillante.
M. Bruyères penfe, avec toute raifon, que le lézard
que nous nommons tête-plate, eft le même que celui
que Flaccourt a défigné par le nom de Famo-cantrata ,
& que ce Voyageur a vu dans l’Ifle de Madagafcar (a):
c’eft auffi le Famocantraton dont Dapper a parlé (b).
Les Madégafles ne regardent le lézard à tête-plate
qu’avec une efpèce d’horreur; dès qu’ilsl’apperçoivent,
ils fe détournent, fe couvrent même les y e u x , &
fuient avec précipitation. Flaccourt dit qu’il eft très-
dangereux, qu’il s’élance fur les Nègres, & qu’il s’at-
(a ) HiJIoire de Madagafcar, par Flaccourt, Chapitre x x x v u i ,
page z 55.
Dictionnaire d’H fo ire naturelle de M. Bomare , article du F am oî
C A N T R A TO N .
{b) Dapper, defcription de tAfrique, page 45g.