petites pierres & de petits morceaux de bois capables
d’empêcher Tes inteftins de fe refferrer (p).
Il paroît, par les récits des Voyageurs, que les crocodiles
, qui vivent près de l’équateur, ne s’engourdiffent
dans aucun tems de l’année ; mais ceux qui habitent
vers les tropiques ou à des latitudes plus élevées, fe
retirent, lorfque le froid arrive, dans des antres profonds
auprès des rivages, & y font pendant l’hiver dans
un état de torpeur. Pline a écrit que les Crocodiles
pafl'oient quatre mois de l’hiver dans des cavernes, &.
fans nourriture , ce qui fuppofe que les crocodiles du
nil qui étoient les mieux connus des anciens, s’en-
gourdiffoient pendant la faifon du froid (q). En Amérique
à une latitude auffi élevée que celle de l’Egypte,
& par conféquent fous une température moins chaude,
le nouveau continent étant plus froid que l’ancien, les
crocodiles font engourdis pendant l’hiver. Ils fortent
ont vécu plufîeurs mois /ans prendre de nourriture, & qu’on s’en eft
affiiré, en leur liant le mu/eau avec un fil de métal, & en les laiflant
ainfi liés dans des étangs, où ils venoient de tems en tems à la furface
de l’eau pour refpirer. Hijloire naturelle de la Jamaïque, page 46 t.
(p ) Brown, Hijloire naturellede la Janiaïgue,page 461.
( q ) Plin e, Liy. V I I I , Chap. x x x v i n - L'engourdi/Tement deï
crocodiles paroît encore indiqué par ce que dit Pline, Livre XI,
Chapitre l c i .
dans la Caroline de cet état de fommeil profond en
faifant entendre , dit Catelby , des mugiffemens horribles
qui retentiflènt au loin ( r j. Les rivages habités
par ces animaux , peuvent être entourés d’échos qui
réfléchilfent les fons fourds formés par ces grands Quadrupèdes
ovipares & en augmentent la force de manière
à juftifier, jufqu’à un certain point, le récit de
Catefby. D’ailleurs M. de la Coudrenière dit que, dans
la Louifiane, le cri de ces animaux n’eft jamais répété
plufieurs fois de fuite, mais que leur voix eft auffi forte
que celle d’un taureau (s ). Le Capitaine Jobfon affure
auffi que les crocodiles, qui font en grand nombre dans
la rivière de Gambie en Afrique , & que les Nègres
appellent Bumbos , y pouffent des cris que l’on entend
de fort loin : ce Voyageur ajoute que l’on diroit que
Ces cris fortent du fond d’un puits ; ce qui fuppofe, dans
la voix du crocodile, beaucoup de tons graves qui la
rapprochent d’un mugiffement bas & comme étouffé (t).
Et enfin le témoignage de M. de la Borde que nous
avons déjà cité , vient encore ici à l’appui de l’affer-
tion de Catelby..
( r) Catefiy, Hiß. naturelle de la Caroline, vol. a , page 6g.
[s) Objervations Ju r le crocodile de la Lauißarte. Journal de Phyfique,
( f) Voyage du Capitaine Jobfon à la rivière de Gambie. Hiß. gen.
dee Voyages, Uyre VIL
E e ij