H i s t o i r e N a t u r e z i R
d’un rouge pâle f & le deffous de Tes pattes eft d’un blanc
un peu jaunâtre. Mais , lorfqu’il eft expofé à la lumière
du foleil, fa couleur change; la partie de fori corps qui
eft éclairée , devient fouvent d’un gris plus brun , &
la partie fur laquelle les rayons du foleü ne tombent
point directement, offre des couleurs plus éclatantes, &
des taches qui paroiffent ifabelles par le mélange du
jaune pâle que préfentent alors les petites éminences ,.
& du rouge clair du fond de la peau. Dans les intervalles
des taches, les grains offrent du gris mele de
verdâtre & de bleu ; & le fond de la peau eft rougeâtre.
D’autres fois le Caméléon eft d’un beau vert
tacheté de jaune ; lorfqu’on le touche il paroît fouvent
couvert tout d’un coup de taches noirâtres affez grandes,
mêlées d’un peu de vert : lorfqu’on l’enveloppe dans
un linge, ou dans une étoffe de quelque couleur qu elle
foit, il devient quelquefois plus blanc qu’à l’ordinaire ;
mais il eft démontré , par les obfervations les plus
exa&es , qu’il ne prend point la couleur des objets,
qui l’environnent, que celles qu’il montre accidentellement
ne font point répandues fur tout fon corps,
comme le penfoit Ariftote, & qu’il peut offrir la couleur
blanche, ce qui eft contraire à l’ opinion de Plutarque
& de Solin (n).
(n) Mémoires pour fe rv ir à ÎHiji. naturelle des animaux, art. du
Caméléon , pages 3 1 & fu ir antes.
d e s Q u a d r u p è d e s o v i p a r e s . 3 5 1
Il n’a reçu prefqu’aucune arme pour fe défendre;
ne marchant que très - lentement, ne pouvant point
échapper par la fuite à la pourfuite de fes ennemis, il
eft la proie de prefque tous les animaux qui cherchent
à le dévorer ; il doit par conféquent être très-timide ,
fe troubler aifément, éprouver fouvent des agitations
intérieures ' plus ou moins confiderables. On croyoit,
du tems de Pline, qu’aucun animal n’ étoit aufli craintif
que le Caméléon, & que c’étoit a caufe de fa crainte
habituelle qu’il changeoit fouvent de couleur. Ce trouble
& cette crainte peuvent en effet fe manifefter par les
taches dont il paroît tout d’un coup couvert à' l’approche
des objets nouveaux ; fa peau revêtue n’eft point
d’écailles , comme celle de beaucoup d’autres lézards;
elle eft tranfparente, quoique garnie des petits grains
dont nous avons parlé ; elle peut aifement tranf-
mettre à l’extérieur, par des taches brunes, & pai
une couleur jaune ou verdâtre, 1 exprelîion des divers
mouvemens que la prefence des objets etrangers doit
imprimer au fang & aux humeurs du Caméléon. Haf-
felquift, qui l’a obfervé en Egypte, & qui la diffeque
avec foin, dit que le changement de la couleur de ce
lézard provient d’une forte de maladie, dune jauniffe,
que cet animal éprouve fréquemment, fur-tout lorf—
qu’il eft irrité. De-là vient, fuivant le même Auteur,
qu’il faut prefque toujours que le Caméléon foit en
colère, pour que fes teintes changent du noir au jaune