à des latitudes aflez hautes, & par conféquent qu’elle
y en refaffe une nouvelle pendant cette faifon rigou-
reufe | pour qu’on doive dire que la plupart des Salamandres
à queue plate ne s’engourdiffent pas toujours
pendant les grands froids de nos climats, & que,
par une fuite de la température un peu plus douce
qu’elles peuvent trouver auprès des fontaines, & dans
les différens abris qu elles choififl'ent, il leur refte allez
de mouvement intérieur, & de chaleur dans le fang,
pour réparer, par de nouvelles productions, la perte
des anciennes.
L ’on ne doit pas être étonné que cette reproduction
de la peau des Salamandres à queue plate ait lieu li
fréquemment. L ’élément qu’elles habitent ne doit-il
pas en effet ramollir leur peau, & contribuer à l’altérer
?
M. Dufay dit, dans le Mémoire dont nous avons
déjà parlé, que quelquefois les Salamandres aquatiques
ne pouvant pas dépouiller entièrement une de leurs
pattes, la portion de peau qui y refte fe corrompt,
& pourrit la patte, qui tombe en entier, fans que l’animal
en meure. Elles font très-fujettes, fuivant lui,
à perdre ainli quelques-uns de leurs doigts; & ces
accidens arrivent plus fouvent aux pattes de devant,
qu’à celles de derrière.
L ’accouplement des Salamandres aquatiques ne fe
fait point ainfi que celui des tortues, &. du plus
d e s Q u a d r u p è d e s o u i p a r e s . 483
grand nombre de lézards; il a lieu fans aucune in-
tromiflxon, comme celui des grenouilles (o) ; là liqueur
prolifique parvient cependant jufques aux canaux dans
lefquels entrent les oeufs en fortant des ovaires de la
femelle (p), de même quelle y pénètre dans les lézards.
Les Salamandres à queue plate réunifient donc les lézards
&. les grenouilles, par la manière dont elles fe multiplient
, ainfi que par leurs autres habitudes & leur conformation.
Ib^rrive fouvent que cet accouplement des
Salamandres a queue plate eft précédé par une pour-
fuite, répétée plufieurs fois, & mêlée à une forte de
jeu. On diroit alors qu’elles tendent à augmenter les
plaifirs de la jouiflance par ceux de la recherche, &
quelles connoilfent la volupté des defirs. Elles préludent
par de légères careflès à une union plus intime. Elles,
femblënt s’éviter d’abord, pour avoir plus de plaifir à
fe rapprocher ; & lorfque dans les beaux jours du
printems la Nature allume le feu de l’amour, même
au milieu des eaux, & que les êtres les plus froids
ne peuvent fe garantir de fa flamme, on voit quel-«
quefois fur la vafe couverte d’eau, qui borde les étangs,
le mâle de la Salamandre, pénétré de l’ardeur vivi-
(o) (Euvres de M. l’Abbé Spaüan\ani, traduction de M. Semebier ,
vol. g , page $6.
(p ) M. l’Abbé Spallaniam, ouvrage déjà cité.
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