
 
        
         
		ont  penfé  que  le  crocodile  n’avoit  pas  de  langue ;  il  
 en  a  une  cependant  fort  large  ,  &   beaucoup  plus  
 confidérabie  en  proportion  que  celle  du  boeuf,  mais  
 qu’il ne  peut  pas alonger  ni  darder  à  l’extérieur, parce  
 quelle  eft  attachée  aux  deux  bords  de  la  mâchoire  
 inférieure  ,  par  une  membrane  qui  la  couvre.  Cette  
 membrane  eft  percée  de  plufieurs  trous,  auxquels  
 aboutiflent  des  conduits  qui  partent  des  glandes  de  
 la  langue  ([k). 
 Le   crocodile  n’a  point  de  lèvres  ;  auffi,  lorfqu’il  
 marche  ou  qu’il  nage  avec  le  plus  de  tranquillité,  
 montre-t-il  fes  dents,  comme  par  furie;  &   ce  qui  
 ajoute à l’air terrible  que  cette  conformation  lui donne,  
 c’eft  que  fes  yeux  étincelans,  très-rapprochés  l’un  de  
 l’autre,  placés  obliquement,  &   préfentant  une  forte  
 de  regard  finiftre  ,  font  garnis  de  deux  paupières  
 dures  ,  toutes  les  deux  mobiles  (  l ) ,   fortement  ridées  
 ,  furmontées  par  un  rebord  dentele ,  & ,   pour  
 ainfi  dire,  par  un  fourcil  menaçant.  Cet  afpeâ  
 affreux  n’a  pas  peu  contribue  ,  fans '  doute  ,  a  la  
 réputation  de  cruauté  infatiable  que  quelques  Voya- 
 ( t )  Mémoires  pour firv ir à  CHiß•  naturelle  des  animaux,   art.  du  
 crocodile. 
 (Z) Pline  a écrit que  la paupière inférieure  du  crocodile étoit feule  
 mobile; mais l’obferYation eft contraire à cette  opinion. 
 d e s   Q ü a d r u p à d e s   o v i p a r e  s .  l y y   
 geurs  lui  ont  donnée  :  Ses  yeux  font  auffi  ,  comme  
 ceux  des  oifeaux,  défendus  par  une  membrane  clignotante  
 ,  qui  ajoute  à  leur  force  ( m ) . 
 Les  oreilles  fituées très-près,  &   au-deflus  des  yeux,  
 font  recouvertes  par  une  peau  fendue &   un peu  relevée, 
   de manière  à repréfenter deux  paupières  fermées,  
 &  c’eft ce qui a  fait croire  à quelques Naturaliftes que le  
 crocodile  n’avoit  point  d’creilles,  parce  que  plufieurs  
 autres  lézards  en  ont  l’ouverture  plus  fenfible.  La  
 partie  fupérieure  de  la  peau  qui  ferme  les  oreilles,  
 eft  mobile;  &   lorfqu’elle  eft  levée,  elle  laifle  apper-  
 cevoir  la  membrane  du  tambour.  Certains  Voyageurs  
 auront  apparemment  penfé  que  cette  peau,  relevée  
 en  forme  de  paupières,  recouvroit  des  yeux;  &   voilà,  
 pourquoi  l’on  a  écrit que  l’on  avoit  tué  des  crocodiles  
 à  quatre  yeux  (n ) .  Quelque  peu  proéminentes  que  
 foient  ces  oreilles,  Hérodote  dit  que  les  habitans  de  
 Memphis  attachoient  des  efpèces  de  pendans  à  des  
 crocodiles  privés  qu’ils  nourriffoient. 
 Le  cerveau. des  crocodiles  eft  très-petit  ( o). 
 La   queue  eft  très-longue ;  elle  eft,  à  fon  origine, 
 Lm)  Brown, HiJIoire. naturelle  de  la  Jamaïque, page  46t. 
 (n)  HiJIoire  des Moluques,  Livre  I I ,  page  116. 
 (b)  Mémoires pour feryir à  ÏHift.  naturelle  des  animaux,   art.  du,  
 crocodile,