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 de  l’Afie.  C’eft  de  ces  dernières  qu’on  apportoit  faits  
 doute  les  écailles  fines dont  fe  fervoient  les  anciens,  
 même  avant  le  tems  de  Pline,  &  que  les  Romains  
 dévoient  d’autant  plus  eftimer,  qu’elles  étoient  plus  
 rares  &   venoient  de  plus  loin  ;  car  il  femble  qu’ils  
 n’attachoient  de  valeur  qu’à  ce  qui  étoit  pour  eux  
 le  ligne  d’une  plus  grande  puiffance,  &   d’une  domination  
 plus  étendue. 
 Le  Caret n’eft point auffi  grand  que la tortue franche;  
 fes pieds  ont  également  la  forme  de  nageoires,  &   font  
 quelquefois  garnis  chacun  de  quatre  ongles.  La  faifon  
 de  fa  ponte  eft  communément,  dans  l’Amérique  fep-  
 ■ tentrionale,  en M a i,  Juin  &   Juillet ;  il  ne  dépofe  pas  
 fes  oeufs  dans  le  fable,  mais  dans  un  gravier  mêlé  de  
 petits  cailloux  :  ces  oeufs  font  plus. délicats  que  ceux  
 des  autres  efpèces  de tortues, mais  fa  chair  n’eft  point  
 du tout  agréabJe ;  elle a même,  dit-on , une forte vertu  
 purgative  (  e )  ;  elle  caufe  des  vemiffemens  violens ;  
 ceux qui  en  ont  mangé  font bientôt  couverts de petites  
 tumeurs,  &   attaqués  d’une  fièvre  violente g  mais  
 qui  eft  une  erife  falutaire  lorfqu’ils  ont  affez  de  
 vigueur  pour  réfifter  à  l’aclivité  du  remède. Au  refte, 
 (< f)   Suivant  D am p ie r,  on  n’en  voit  point  dans  la   m e r  d u   Sud;.  
 ( e )  Dampier,  Tome  L 
 Dampier  prétend  que  les  bonnes  ou mauvaifes  qualités  
 de  la  chair  de  la  tortue Caret, dépendent  de  l’aliment  
 quelle prend,  &   par  conféquent  très-fouvent  du  lieu  
 q u e lle   habite. 
 Le  Caret,  quoique  plus  petit  de  beaucoup  que  la  
 tortue  franche,  doit  avoir  plus  de  force, puisqu’on  l’a  
 cru  plus méchant ;  il  fe  défend  avec  plus  d’avantage  ,  
 lorfqu’on  cherche  à  le  prendre ;  &   fes  morfures  font  
 vives &  douloureufes ;  fa couverture  fupérieure  eft plus  
 bombée,  &   fes pattes  de  devant  font  en  proportion  de  
 fa  grandeur,  plus  longues que  celles  des  autres tortues  
 de mer ; auffi,  lorfqu’il a été renverfé  fur  le  dos, peut-il,  
 en fe balançant,  s’incliner affez d’un côté ou  de  l’autre,  
 pour que fes  pieds  faififfent  la  ferré,  qu’il  fe  retourne,  
 &   qu’il  fe  remette  fur  fes  quatre  pattes.  Les  belles  
 écailles  qui  recouvrent  fa  carapace  pèfent  ordinairement  
 toutes  enlemble  de  trois  à  quatre  livres  ( f )   ,  
 '&  quelquefois  même  de  fept  à  huit  (g) .  On  eftfme  
 le  plus  celles  qui  font  épaiffes,  claires,  tranfparentes,  
 dun  jaune  doré,  &   jafpées  de  rouge  &   de  blanc,  ou  
 dun brunprefque noir ( h ) . Lorfqu’on  veut les façonner, *V 
 (ƒ) Dampier,  Tome  I.  -  - 
 »  Synopjïs  quadrupedum , page  2.5 5. 
 V   ) Mémoves  manufcrits, rédigés  &  communiqués par M. de Foa-  
 geroux.