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 voit  au  contraire un  enfoncement qui  s’étend depuis  la  
 tête jufqu’à l’origine  de  la  queue. Cependant lorfqu’elle  
 eft maigre  ,  l’épine du dos forme quelquefois une petite  
 éminence  ;  elle  a  fur  le’ bord  fupérieur  de  la  queue,  
 une  forte  de  crête  membraneufe  &   entière,  &   le  
 bord  inférieur  de  cette  même  queue  eft  g am   de  la  
 bande  très-blanche  qu’on  remarque  dans  le  mâle.  En  
 général,  les  couleurs  font  plus  pâles  &.  plus  égalés  
 dans  la  femelle ;  elles  font  aufli  moins  foncées  dans  
 les  jeunes  Salamandres. 
 La   Salamandre  à  queue  plate  aime  les  eaux  li-  
 monneufes,  où elle  fe  plaît à fe  cacher fous les pierres;  
 on  la  trouve  dans  les  vieux  foflès,  dans  les  marais,  
 dans  les"  étangs;  on  ne  la  rencontre  prefque  jamais  
 dans  les  eaux  courantes :  l’hiver,  elle  fe  retire  quelquefois  
 dans  les  fouterrains  humides. 
 Lorfqu elle  va à terre, elle ne marche qu’avec peine  
 &   très-lentement.  Quelquefois, lorfqu elle  vient refpi-  
 rer au bord  de l’eau,  elle  fait  entendre  un  petit  Affirment. 
   Elle  perd  difficilement  la  vie,  &   comme  elle  
 n eft  ni  auffi  fourde,  ni  auffi  iilencieufe  que  la  Salamandre  
 terreftre,  elle  doit,  à  certains  égards,  avoir  
 l’inftinét moins  borné. 
 Le  conte  ridicule  quon  a  répété  pendant  tant  de  
 tems  fur  la  Salamandre  terreftre,  n’a  pas  ete  étendu  
 jufqu’à  la  Salamandre  à  queue  plate.  Mais,  au  lieu 
 de  lui  attribuer  le  pouvoir  fabuleux  de  vivre  au  milieu  
 des  flammes, on  a reconnu dans  cette  Salamandre  
 une  propriété  réelle  &   oppofée.  Elle  peut  vivre  allez  
 long-tems,  non-feulement  dans  une  eau  très-froide,  
 mais  même  au  milieu  de  la  glace  (e).  Elle  eft  quelquefois  
 faifie  par  les  glaçons  qui  fe  forment  dans  les  
 foliés, dans les étangs quelle habite ; lorfque  ces glaçons  
 fe  fondent,  elle fort  de  fon  engourdiflement,  en même-  
 tems  que  fa  prifon  fe  diffout,  &   elle  reprend  tous  fes  
 mouvemens  avec  fa  liberté. 
 On a même  trouvé, pendant l’été,  des  Salamandres  
 aquatiques  renfermées  dans  des  morceaux  de  glaces  
 tirés  des  glacières,  &   où  elles  dévoient  avoir  été  fans  
 mouvement  &   fans  nourriture, depuis  le  moment  où  
 on  a voit  ramaffé  l’eau  gelée  dans  les marais,  pour  en  
 remplir  ces  mêmes  glacières.  Ce  phénomène,  en  apparence  
 très-furprenant,  n’eft  qu’une  fuite  des  propriétés  
 que  nous avons  reconnues dans tous les lézards,  
 &   dans  tous  les  Quadrupèdes ovipares  ( f ) . 
 La  Salamandre  ne  mord  point,  à  moins  qu’on  ne  
 lui  faffe  ouvrir  la  bouche  par  force ;  &   fes dents font  
 prefque  imperceptibles  :  elle  fe  nourrit  de  mouches,  
 de  divers  infeétes  qu’elle  peut  trouver  a |a  furface  de  
 l’eau, 'du  frai  des  grenouilles,  &c.  Elle  eft  auffi  her- 
 (f  )  Voyez  le Mémoire  déjà  cité  de M.  Dufay. 
 (ƒ  )  Voyez  le  Difçours  fur  le  nature des Quadrupèdes ovipares. 
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